– Lacs et tourbières
.
.
.
Les HAUTS et les BAS des LACS à COMPAINS
.
.
- Compains : tête de bassins versants
Jusqu’à la Révolution, une ligne de partage des eaux traversa Compains située en tête de deux bassins versants. Avant la Révolution, la paroisse était partagée entre deux grands bassins hydrographiques : les ruisseaux orientés vers l’ouest se dirigeaient vers le bassin versant de la Dordogne, alors que ceux orientés vers l’est se dirigeaient vers le bassin versant de l’Allier-Loire. Quand la Révolution succéda à la monarchie, la commune perdit les terres du bassin hydrographique de la Dordogne qui furent données à Egliseneuve-d’Entraigues. La commune se trouva alors amputée de plusieurs villages avec leurs montagnes, mais aussi du Lac de Chambedaze et de la moitié du Lac de La Fage, dorénavant traversé par la frontière entre les deux communes.
Compains continua cependant à bénéficier de la présence de nombreuses zones humides, souvent de grands lacs, d’autres de moindre superficie, séquelles soit de la glaciation, soit du volcanisme. Tourbeux ou non, ces lacs apparaissent à tous les points cardinaux de la commune, certains entourés de boisements marécageux.
On trouvera ci-après ces marqueurs forts de l’identité communale illustrés par les remarquables photos aériennes de Philippe Tournebise et Francis Cormon.
.
- Des lacs d’origine glaciaire ou volcanique
Plusieurs lacs proviennent des effets de la glaciation qui, en rabotant les surfaces y laissa des dépressions comme, par exemple, celle du Lac des Bordes au pied de la Motte de Brion ou celle de Chambedaze. On peut également citer dans cette catégorie le Lac de Bourdouze, installé dans une dépression glaciaire d’environ trois mètres de profondeur et dont la rive sud suit la limite qui sépare Compains de Besse et Saint-Anastaise. D’autres lacs furent générés par le volcanisme comme le Lac de Montcineyre au pied du volcan du même nom et le Lac de La Fage.
Les textes retrouvés montrent que la vie des lacs de Compains n’alla pas sans fluctuations, certaines zones humides pouvant, un temps, se trouver desséchées, soit en fonction du climat, soit en fonction de choix d’exploitation voulus par le seigneur ou plus tard par les cultivateurs. Suivant les fluctuations climatiques ou les choix agropastoraux, la vie de certains de ces lacs d’altitude connut donc des hauts et des bas, parfois simplement saisonniers, parfois durables. La survenue de la Révolution ne laissa pas que les bois en déshérence. L’ennoiement de certains lacs fut parfois inconstant, comme on l’observe au lieu-dit « le lac » près du bourg. Le Lac de Chaumiane dont l’entretien avait été négligé était « devenu marécageux » avant 1808 et d’autres, dont l’objectif d’exploitation avait changé (lac des Bordes), retournèrent à l’état de marais, de tourbière ou de pré. Quant au Lac de La Fage, il sera dit « entièrement desséché » en 1828.
.
- Des lacs seigneuriaux exploités pour leur poisson sous l’Ancien Régime
Le poisson qu’on commercialisait était cher dans une Auvergne, province éloignée des façades maritimes, alors que la demande était forte pour faire face aux obligations religieuses. Aussi fallait-il se débrouiller et trouver des subterfuges. On a vu au chapitre Vie religieuse à Compains au XVIIe siècle, qu’à la demande des auvergnats, l’Église avait accepté momentanément la solution pragmatique qui consistait à remplacer le poisson par le fromage le vendredi.
Le paysan ne péchait pas dans les lacs de la paroisse puisque les lacs appartenaient aux seigneurs qui, seuls, pouvaient disposer du poisson qui s’y reproduisait. Élever des poissons d’eau douce présentait donc un réel intérêt économique pour ceux qui bénéficiaient d’un lac dans leur seigneurie. Avantage exceptionnel, dans la seule seigneurie de Brion le seigneur détenait quatre lacs : aux Bordes, au Montcineyre, à Chaumiane et l’espace dit « le lac » à l’entrée ouest du bourg. Tous cherchaient à rentabiliser le mieux possible cette manne comme Jacques Rodde, seigneur de Chalaniat, chevalier, qui voulant rendre plus productif son domaine de La Fage en 1753, y fit creuser et ennoyer la dépression qu’on y voit encore, dans le but d’y élever des poissons. En 1766, Alexandre de Cassagne de Beaufort, marquis de Miramont, vendait à Jacques Rodde ses droits de pêche dans le Lac de Chambedaze. Parfois même c’est le souci d’entretenir de bonnes relations sociales qui gouverne le droit de pêche. Ainsi en 1777, lors de la prise de possession du Joran par Mathieu Rodde de Vernière, Louise-Elisabeth de La Rochefoucauld, duchesse d’Anville et dame de La Godivelle, la voit-on accorder à ce gros propriétaire terrien la permission de pêcher sa vie durant en personne dans le lac de La Godivelle. Survient la Révolution. En 1794, les biens de Jean-Charles de Laizer seigneur de Brion sont devenus des « biens nationaux de seconde origine », ainsi désignait-on les biens qui avaient appartenu à des nobles. Comme ceux qui en avaient les moyens purent dorénavant acquérir les biens des ci-devant nobles, on vit Jean Reynaud de Besse soumissionner le 6 messidor an IV (24 juin 1796) pour acquérir le lac de Montcineyre devenu « bien national provenant de l’émigré Laizer de Brion ». Le lac, qualifié à cette date de « lac à poissons », sera expertisé par Chandezon qui estimera son produit annuel à quarante livres.
Au terme de cette introduction, et dans la limite des textes retrouvés à ce jour, on peut dire que les lacs de Compains appartenaient depuis des temps « immémoriaux » au seigneur local qui en jouissait comme de son bien propre et ce à coup sûr depuis 1359, date à laquelle Maurin de Bréon vendit Chaumiane et son lac. La propriété seigneuriale des lacs de Compains ne semble pas avoir été contestée par les habitants durant l’Ancien Régime, à l’exception à Brion de celle du Lac des Bordes.
.
.
Le LAC des BORDES
.
- Des bordes au pied de la Motte de Brion
.
La toponymie révèle que les bordes étaient des bâtiments agricoles ou de petites exploitations rurales. Les bordes des brionnais se tenaient à environ 1180 mètres d’altitude au nord de la Motte de Brion, de part et d’autre d’une dépression naturelle dont la tourbière était principalement alimentée par les eaux de pluie et de ruissellement. Peu profond, (trois mètres environ), l’endroit était riche en tourbe qui, vu la rareté du bois, chauffait l’hiver les habitations.
.
- La création du lac des Bordes par Jean Ier de Laizer : un casus belli
.
A une exception près, celle du lac des Bordes, il ne semble pas que les nombreux lacs de Compains aient été à l’origine d’affrontements entre les paysans et le seigneur jusqu’à ce que Jean de Laizer, nouveau seigneur de Brion, décide de transformer en lac l’espace naturel tourbeux près duquel les paysans avaient l’habitude de faire paître et d’abreuver leur bétail. Alors que partout dans le royaume on cherchait à assécher lacs et marais, en particulier depuis un édit d’Henri IV du 8 avril 1599 qui, pour étendre les surfaces agricoles prescrivait leur assèchement, Jean de Laizer voulut d’aménager la dépression des Bordes en l’ennoyant pour en faire un lac. Cette initiative ne tardera pas à dresser contre lui les brionnais. Sceptiques, les paysans ne voyaient le mauvais côté des choses : on allait perdre des surfaces agricoles et on ne pourrait plus abreuver le bétail. On n’allait plus pouvoir se conformer à ce qui s’était toujours fait.
.
- Rentabiliser la seigneurie
.
Quels objectifs Jean de Laizer poursuivait-il en transformant la tourbière des Bordes en lac ? Faute d’écrits qui auraient éclairé ses desseins, on peut penser que les avantages matériels à tirer de cette opération purent être nombreux. Réalisable sans grands travaux, l’ennoiement de la dépression permettrait de développer des productions spécifiques aux zones humides, une chenevière ou une roselière dont on vendrait le produit aux habitants du voisinage pour couvrir leurs mas. Enfin et surtout, un lac qu’on pouvait empoissonner était une source de revenus non négligeable. Après avoir réalisé cet investissement peu onéreux favorisé par la morphologie du milieu naturel, le seigneur pouvait escompter un bon retour sur investissement.
.
- Un procès gagné contre les habitants
.
L’opposition des habitants n’incita pas Jean de Laizer à abandonner son projet. On saisit la justice. Issu d’une famille de juriste, Jean Verdier notaire à Brion, regroupa autour de lui les contestataires. Un de ses descendants sera encore surnommé en 1794 « plaideur ». Un premier jugement arbitral donna gain de cause aux habitants mais fut contesté par Jean de Laizer qui relança la procédure. Un long procès s’ensuivit, finalement tranché en 1675 par une décision du Parlement de Paris auquel ressortissait l’Auvergne. Interdiction était faite aux paysans de faire pacager leur bétail dans l’espace dévolu au lac, ni de troubler en quoi que ce soit le seigneur sur ses terres. Pour apaiser les esprits, Jean de Laizer consentit à laisser aux habitants suffisamment d’eau « au dessous de la bonde dudit lac », pour qu’ils puissent abreuver leurs troupeaux.
Le seigneur gagnait donc contre les habitants. L’affaire avait cependant été l’occasion d’une prise de conscience collective aboutissant à une action commune. Par crainte de dégâts collatéraux consécutifs à une innovation qui, estimaient les brionnais, ne profiterait qu’au seigneur en les privant d’eau et d’espace herbager, on vit une petite communauté paysanne consciente de ses droits coutumiers et déterminée, oser s’insurger contre la politique domaniale du seigneur en assumant les grands risques financiers d’un procès. Perdants, ils savaient qu’ils seraient condamnés aux dépens. Ce qui arriva.
L’innovation imposée par Jean de Laizer illustre la raideur de la politique domaniale du seigneur qui n’avait sans doute pas envisagé un instant qu’une concertation préalable pourrait utilement préparer les ruraux à cette modification majeure de leur environnement familier. Elle montre, inversement, l’esprit peu enclin au changement de paysans auvergnats, souvent réputés réfractaires à toute évolution par les observateurs du temps.
Le foirail au premier plan, la Motte flanquée de Brion Haut et brion Bas, au fond, le Lac des Bordes
(cliché aérien Francis Cormon ©)
.
Comme quelques autres lieux de Compains, le lac des Bordes a été oublié sur la carte de Cassini, réalisée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Mais était-il en eau à cette époque ? Le lac figure sur le cadastre de Compains (1828). En 1830, un jugement du tribunal nous apprend que le lac est devenu, par l’écoulement des eaux, un pacage productif pour les bestiaux.
.
La butte de Brion vue depuis le lac des Bordes
(cliché aérien Francis Cormon ©)
.
Cadastre de Compains (1828) – Arch. dép. du Puy-de-Dôme
La parcelle de Brion et le lac des Bordes (10 ha, 90 ares)
.
.
.
Au PIED du VOLCAN de MONTCINEYRE : le LAC
.
Le volcan
.
Le Montcineyre est l’un des plus jeunes volcans d’Auvergne (environ 7500 ans, environ 500 ans avant le Pavin). Son cratère forme deux bassins coniques d’environ 18 mètres de profondeur. L’explosion du Montcineyre fut à l’origine d’une coulée de lave de 7 km faite d’un basalte rugueux et infertile, désignée localement sous le terme de cheire. En forme de croissant, le cratère du volcan est formé de deux cônes emboîtés dont l’un empiète sur l’autre, ce que le boisement actuel rend difficilement perceptible (voir la vision d’un artiste au XIXe siècle chapitre « A l’entour »).
La coulée basaltique descendue du volcan vers le sud atteignit l’emplacement actuel du bourg de Compains puis se dirigea vers l’est où elle stoppa au pied du Pic Saint-Pierre, à l’entrée de la belle vallée du Valbeleix. Là se rejoignent au lieu-dit Le Verdier la Couze de Compains et le ruisseau de La Gazelle pour former la Couze de Valbeleix, affluent de la Couze Pavin.
.
Le plus grand lac de la commune
.
Au nord du volcan, l’accumulation des scories forma un barrage naturel à l’origine de la formation du plus grand lac de Compains, le lac de Montcineyre, d’une superficie de 46 hectares (Source : Parc des volcans d’Auvergne). En forme de croissant, le lac sert de réserve d’eau pour Issoire (voir aussi le chapitre consacré au Montcineyre).
.
Le volcan de Montcineyre et le lac (vus depuis le sud)
(cliché aérien Ph. Tournebise)
.
La cheire (coulée basaltique) du Montcineyre
d’après un schéma du Bureau de Recherches Géologiques et Minières
.
.
Bloc erratique au centre du village construit sur le chaos de la cheyre
.
.
Le volcan de Montcineyre et le lac (vus depuis le nord-ouest)
(cliché aérien Ph. Tournebise)
.
.
A l’ENTREE OUEST du BOURG : « LE LAC »
.
Un ancien lac aujourd’hui devenu prairie
.
Entre Escouailloux et le bourg, la carte IGN 2534 Monts du Cézallier montre une dépression traversée par la Couze juste avant son entrée dans le bourg. L’endroit, dit « le lac », était alimenté par des ruisseaux qui descendent du Bois de la Javène et des hauteurs du hameau de Chaumiane. Pour partie marécageuse, pour partie exploitée en prés dans ses abords les moins encaissés, cette zone humide par intermittence, fut de tous temps, comme les autres lacs de Compains, un lac seigneurial. Il appartenait en 1633 à François-Gaspard de Montmorin – Saint-Hérem, seigneur de Brion avant de passer entre les mains des Laizer qui le tinrent jusqu’à la Révolution. A la demande de la comtesse de Brion en 1717, des maîtres maçons de Chidrac vinrent à Compains accompagnés d’ouvriers pour « accomoder » la chaussée qui longe le lac, c’est à dire le chemin qui consuisait de Compains à Egliseneuve d’Entraigues.
Dès 1827, Maurice de Laizer avait repris possession du pré nommé « Le lac« , tenu par sa famille avant la Révolution. Sur le cadastre de 1828, le lieu-dit « Le Lac » (n°427 à 455, 463 à 465) qui couvre huit hectares, n’est plus ennoyé mais exploité en prés et pâtures indivisément par Laizer et une vingtaine de cultivateurs du bourg. Dans un intéressant bail à ferme du 18 avril 1848, Maurice de Laizer baille à François Amblard d’Escouailloux une vaste parcelle au lieu-dit « Le lac » (n°449 du cadastre du bourg), près de la route qui conduit de Compains à Egliseneuve. Une des conditions du bail stipule qu’Amblard doit notamment s’engager à conduire « une source appartenant au bailleur », qui sort du bois dit de la Gelaine (Bois de Javène situé sous Chaumiane), probablement dans le but d’établir une raze dans sa parcelle du « lac ».
.
.
Les LACS OCCIDENTAUX : CHAUMIANE et LA FAGE
.
Deux lacs parfois intermittents
.
La survenue de la Révolution ne laissa pas que les bois en déshérence et la vie des lacs se mit elle aussi à connaître des hauts et des bas. Plusieurs lacs dont l’entretien avait été négligé se retrouvèrent en tout ou partie asséchés et transformés en prés. La grande dépression et les espaces marécageux du lac de Chaumiane vécurent des alternances de périodes marécageuses et de périodes d’ennoiement. Au sud-ouest de Compains, le lac de La Fage asséché en 1828 et le lac de Chaumiane transformé en pré en 1848 et partiellement asséché en 1851.
.
Le lac-tourbière de Chaumiane
.
Proches du Montcineyre, le manse de Chaumiane et son lac, situés au sud du village étaient une propriété seigneuriale que Maurin de Bréon vendit en 1359 à son neveu Guillaume de Tinières avec ses « estangs, eaux, cours des eaux ». Lors d’une reconnaissance des habitants de Chaumiane faite en octobre 1672 à Jean Ier de Laizer, le notaire qui établit la reconnaissance « devant le four commun » de Chaumiane écrit : « de quel mas et tenemans, [de Chaumiane], ledit seigneur y a un etang apelle le lac de Chomiane en son entier et le contenue avec pouvoir d’en jouir comme bon luy semble ». Le lac était donc bien une propriété seigneuriale exploitée selon son le plaisir du seigneur Cette formule du texte original sera reprise en 1837 par un notaire qui, à cette date encore, se fondait sur la reconnaissance de 1672 pour justifier la propriété de Maurice de Laizer sur ce lac. Cette jouissance seigneuriale semble n’avoir jamais été contestée par les habitants.
.
Lac de Chaumiane
.
Les espaces marécageux du lac vécurent des alternances de sécheresse et d’ennoiement. A l’occasion de la vente des biens de Jean-Charles de Laizer en 1794, on vendit le pré dit « le lac de Chaumiane » lui ayant appartenu. Le lac couvre à cette date 18364 toises. Estimé 1000 livres, le lac sera vendu 1125 livres à François Tartière. En 1795, dans un état des Biens nationaux à vendre à Compains, le lac est décrit « converti en pacage ». Le passage de la Révolution n’est pas favorable au lac de Chaumiane qui est dit en 1808 « devenu marécageux ».
Selon un état des lieux établi en 1851, la propriété exploitée en pré dite « le lac de Chaumiane » est de nature marécageuse, « puisqu’elle a été autrefois un lac ». Laizer afferme verbalement à Amblard durant l’hiver 1851 la « propriété en nature de pré appelée le lac de Chaumiane ». Méfiant, le preneur examine le terrain et découvre que plusieurs parties du pré sont submergées par les eaux, que faute d’entretien les rigoles d’évacuation sont comblées et qu’une autre partie du pré a été transformée en chemin. En outre, dépourvu de clôture, le pré est limité par des bornes qui forment des angles et des sinuosités. Enfin, partiellement asséché, le pré n’a pas bénéficié d’engrais depuis longtemps.
.
.
Après la mort de Maurice de Laizer en 1855, le lac passe à ses descendants. Il est alors qualifié de « narce…autrefois en nature d’étang », autrement dit, il est devenu un lieu tourbeux proche du marécage.
.
.
Le lac de La Fage
.
A l’extrême ouest de la commune de Compains, au sud-ouest du Puy de la Vaisse (1359 m.), le lac de La Fage (1274 m.) est un petit lac de cratère peu profond. Ses abords pentus à l’est et en partie boisés sur la rive ouest semblent n’avoir jamais été occupés par des bâtiments. Aujourd’hui, le le lac est traversé par la limite qui sépare la commune de Compains de celle d’Egliseneuve d’Entraigues.
Le hameau et la montagne de La Fage faisaient partie de la commune de Compains avant la Révolution et on y trouvait un domaine exploité par un métayer. Il reste quelques ruines des bâtiments d’exploitation à environ 1190 mètres d’altitude près d’un ruisseau à environ 500 mètres au sud du lac. Jacques de La Reynerie faisait exploiter le domaine et payait le cens au seigneur d’Entraigues. La famille vendit le domaine en 1696 à Jean Morin en 1696 pour payer ses dettes.
.
Lac de La Fage
.
La création du lac – ou sa remise en eau – est postérieure à 1753, date à laquelle Jacques Rodde, seigneur d’Espinchal, baille à ferme la montagne de La Fage où il se réserve le droit « de faire creuser pour former un étang à mettre du poisson, le creux appelé de La fage dont la situation est disposée à cet effet ». Le lac n’était pas encore creusé en 1758 envisageait toujours de faire « construire un estang » dans le creux de La Fage. La montagne de La Fage jusqu’alors exploitée en montagne à graisse passera en montagne d’estive.
.
Lac de La Fage
.
Le lac ne resta qu’un temps mis en eau. Lors de l’établissement du cadastre de 1828 il était dit « en nature de pâture » et « entièrement desséché », peut-être en vertu d’une ancienne ordonnance de la Convention du 14 frimaire an II (4 décembre 1793), qui ordonnait le dessèchement et la mise en culture immédiate de presque tous les étangs de France dans le but de mieux nourrir la population. Les bestiaux viennent aujourd’hui se désaltérer dans ce lac peu profond, aujourd’hui remis en eau.
.
.
Le LAC de CUREYRE
.
.
Proche du hameau du même nom, le lac de Cureyre voit se dresser en son milieu des rochers sur lesquels un esprit malicieux a fait surgir des sonnailles de pierre parfois ornées du chef cornu de la reine des prés locale.
.
.
AUTRES LACS-TOURBIERES PERIPHERIQUES
.
- Le lac-tourbière d’Escoufort
.
Au XIVe siècle, la terre d’Escoufort, tenue par les Saint-Nectaire, voisinait avec les terres des La Tour seigneurs de Besse. Ceux-ci, largement pourvus de terres dans l’Artense, tenaient en particulier dans la commune de Picherande la seigneurie de Ravel qui, en limite ouest de Compains, touchait la montagne d’Escoufort où on trouvait un village aujourd’hui disparu. Des terres étaient exploitées à Escoufort en 1354 quand Bernard Ronat seigneur d’Escouailloux percevait de ses tenanciers des redevances foncières payées en argent et en nature. Au XVe siècle, les montagnes d’Escoufort et celles voisines de Jeansenet, étaient tenues en indivision par des emphytéotes d’Antoine de Saint-Nectaire, seigneur du Valbeleix.
.
Au premier plan, une des tourbières d’Escoufort- Au fond le Montcineyre et son lac
(cliché aérien Ph. Tournebise)
.
Compains – Tourbière d’Escoufort dans la plaine du Moncineyre
Cette photo a valu à Philippe Tournebise le premier prix du concours photo de France Nature Environnement
.
Tourbière à Escoufort (cliché aérien Ph. Tournebise)
.
.
- Un lac « frontalier » : le Lac de Bourdouze dit aussi Lac d’Anglard
.
Voisin du Montcineyre, le lac de Bourdouze (25 ha.), n’est évoqué ici que parce que sa partie sud suit la ligne de séparation qui sépare Compains de la commune de Besse et Saint-Anastaise.Installé dans une dépression glaciaire, le lac est en partie recouvert en surface d’une couche tourbeuse. En 1779, Jean-Louis Guérin prit possession de la seigneurie du Valbeleix qui incluait Marsol, Escoufort, Jansenet et, à la périphérie de sa seigneurie, le Lac de Bourdouze. Passe la Révolution. En 1795, le lac ayant appartenu au ci-devant Guérin, émigré, est affermé à Lucien Bruguet, un citoyen bessois.
.
Lac de Bourdouze (cliché aérien Ph. Tournebise)
.
Tourbière en bordure du lac de Bourdouze (cliché aérien Ph. Tournebise)
.
Détail de la tourbière de Bourdouze (cliché aérien Ph. Tournebise)
.
.
Le lac-tourbière de Chambedaze passe à Egliseneuve-d’Entraigues pendant la Révolution
.
Partie intégrante du territoire communal jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, le lac-tourbière de Chambedaze, est situé à l’ouest du bourg près du lieu-dit Les Fontlonges où il occupe à à 1147 mètres d’altitude, une cuvette formée par l’érosion des glaciers lors de leur retrait. Le lac, où la présence de l’eau est constante, atteignit une superficie de 50 à 60 hectares s’est en partie comblé dans sa partie est, et ne subsistent que 5 à 6 hectares aujourd’hui.Profond d’environ cinq mètres, son exutoire est, à l’ouest, le ruisseau du Grosleix qui se jette dans la Rhue.
Les archives mentionnent le lac au XIIIe siècle. Lorsque fut partagé l’héritage de Maurin II de Bréon entre ses quatre héritières en 1280, Dauphine, épouse d’Ythier de Rochefort devenu Ithier de Bréon après avoir relevé le nom de la famille de sa femme, reçut les hautes terres d’Entraigues avec le lac de Chambedaze et la montagne de Cocudoux. On a vu précédemment qu’en 1766, le marquis de Miramont vendait ses droits de pêche dans le lac à Jacques Rodde de Chalaniat, gros propriétaire terrien à Compains et dans la région.
.
Lac-tourbière de Chambedaze (cliché aérien Ph. Tournebise)
.
La présence des tourbières qui colonisaient ce lac pouvait présenter un danger pour le bétail qui venait s’y abreuver. C’est ce qui préoccupait en 1844 le régisseur d’Anne-Marie Hippolite Rodde de Vernieres veuve d’Henri de Coiffier dont les bêtes pâturaient près du lac de Chambedaze. Selon le régisseur, les tourbières de Chambedaze étaient considérées « nuisible pour les montagnes… et présentent des dangers pour les bestiaux ». Pour éviter les accidents il préconisait que le propriétaire y établît une clôture.
.
Lac-tourbière de Chambedaze (cliché aérien Ph. Tournebise)
.
La documentation ne présente pourtant jamais de texte montrant qu’un lac fut enclos ou même en partie entouré de cloisons de bois comme on peut le constater à la lisière du Cézalier, au Pré Rigaud par exemple. On ne connait pas de village aux abords de Chambedaze. Pourtant, les abords du lac n’étaient pas déserts en 1734 quand Pierre Reynaud, de Chambedaze, épouse Catherine Tartière de Graffaudeix. Jean Reynaud, qui vit à Chambedaze en 1739 est consul de la paroisse. Chambedaze relevait du seigneur d’Entraigues à qui on payait le cens.
.
Les PETITES ZONES HUMIDES, dites « LE LAC »
.
On ne trouve pas à Compains que des lacs de taille importante. L’usage local nommait « le lac » ou « les ondes » une myriade de petits espaces, des prés ou parfois de pâtures qui pouvaient ne se révéler que temporairement humides. Propices selon les saisons à l’irrigation des prairies comme à l’abreuvage des bestiaux, ces petites zones humides apparaissent en grand nombre, égaillées au milieu des herbages.
Le petit lac de la Chavade
.
Au XIXe siècle, les exemples abondent dans les minutiers des notaires. Ainsi, au nombre des héritages de la famille Boyer domiciliée au bourg de Compains en 1859, on ne trouvait pas moins d’une dizaine de prés ou de pâtures dénommés « le lac », parfois « le lac ou les ondes ».
.
.
En limite sud de Compains
LACS et TOURBIERES à LA GODIVELLE
.
La Godivelle – Le lac d’en haut et le lac d’en bas (cliché aérien Ph. Tournebise)
.
La Godivelle – Tourbière de la Coualle Basse (cliché aérien Ph. Tournebise)
.
La Godivelle – Tourbière du lac d’en bas (cliché aérien Ph. Tournebise)
.
La Godivelle – Tourbière du lac d’en bas (cliché aérien Ph. Tournebise)
.
.
Rapport sur l’exploitation de la tourbe
dans le département du Puy-de-Dôme (1851), ADPD S 33
.
Un rapport de Tournaire, ingénieur des mines, fait le point sur l’exploitation de la tourbe en 1851 dans le sud du département du Puy-de-Dôme. Bien que seules des communes limitrophes de Compains soient mentionnées, le rapport éclaire des pratiques de chauffage qui furent celles des compainteyres, dans une région où le bois est rare.
« Le département du Puy-de-Dôme renferme des dépôts de tourbe sur les plateaux élevés qui s’étendent entre les montagnes du Cézallier, le Mont Dore et le département du Cantal. La tourbe repose le plus souvent sur un terrain basaltique et occupe les fonds des légères ondulations des plateaux ou des vallées. Elle est exploitée dans les communes de La Godivel, d’Espinchal, d’Eglise neuve, de Saint-Alyre-les-Montagnes. On l’emploie pour le chauffage domestique et la rareté du bois dans une partie de ces communes a propagé l’usage de ce combustible mais le peu de population de ces régions fraiches et élevées rend l’extraction minime.
Les tourbières sont situées en plus grande partie sur des terrains communaux ; plusieurs appartiennent à des particuliers. Les propriétaires de ces dernières vendent chaque année la permission d’exploiter 3 ou 4 francs la toise carrée [une toise=environ six pieds de long (source : Calendrier d’Auvergne 1763) ; à partir de la Révolution, le mètre fut déclaré égal à trois pieds].
L’extraction se fait irrégulièrement et d’une manière intermittente. Elle est interrompue nécessairement pendant l’hiver lorsque la terre est couverte de neige. D’après les documents statistiques recueillis, dont plusieurs remontent à un certain nombre d’années, ces tourbières alimentent la consommation de 170 feux environ [le feu est généralement considéré égal à cinq ou six personnes]. Elles sont disséminées sur de grands espaces, au milieu des pâturages et des terres incultes. L’irrégularité de l’exploitation n’a donc aucun inconvénient pour la salubrité ou la culture. Toute nature de réglementation serait ici parfaitement superflue et d’ailleurs d’une application très difficile. Dans d’autres parties du département, des dépôts tourbeux moins importants peuvent exister, mais il n’est point à la connaissance de l’ingénieur soussigné qu’ils aient été exploités jusqu’à présent ».
.
.
A SUIVRE
.
5 commentaires sur “– Lacs et tourbières”
Très intéressantes ces vues au-dessus des lacs et tourbières; une autre façon de découvrir notre Cézallier.
Le Montcineyre, éveille chez moi de vieux souvenirs scolaires. En effet, grâce à notre livre de géographie classe élémentaire, il y avait une photo de ce mont; nulle part ailleurs, je n’ai entendu parler du Montcineyre; il est vrai que j’habitais alors dans le Nord. Je ne pensais pas qu’un jour j’habiterai si près de ce mont.
C’est très émouvant, croyez-moi.
Merci
VB
Julien Green est venu passer des vacances â Besse à l’hōtel de la Providence. Il a écrit un superbe livre intitulé Moncinère (inspiré du lac Montcineyre)
Merci du travail que vous avez effectué.Étant absent pour quelques temps(j,habite à Troyes)je vous communiquerai des infos intėressantes sur Compains et la région a mon retour je pense étre à Brion pour la foire du 14 septembre prochain! JPierre Bernard
Bonjour,
votre article sur Compains est très intéressant et apporte un éclairage richement illustré sur le lac des Bordes et la conduite de Jean de Laizer, aïeul de Maurice de Laizer dont j’ai récemment publié l’histoire.
Bonjour
Merci pour cet éclairage sur le lac de bordes, lieu qui m’a toujours interpellé.
Il se trouve que ma famille est propriétaire depuis 60 ans d’une maison qui a été la propriété de la famille laizer.
Il se trouve aussi que chose incroyable et par un hasard total nous nous sommes aperçus après cette acquisition que nous étions liés de’ facon lointaine à cette famille.
Je suis intéressé par l’histoire de cette famille en Auvergne, si quelqu’un a des infos…. gblabro@yahoo.fr
Merci
gb
Laisser un commentaire