Compains

Histoire d'un village du Cézallier

– Lacs et tourbières

LACS et TOURBIERES à COMPAINS

      Au nombre des marqueurs forts de l’identité de Compains figurent les lacs et les tourbières qui constellent le territoire communal. Ils sont illustrés ci-après par les remarquables photos aériennes de Philippe Tournebise et Francis Cormon.

     Notre regard se portera plus particulièrement au nord et à l’est de la commune de Compains, où apparaissent plusieurs lacs : le lac de Montcineyre  au pied du volcan du même nom et le lac des Bordes proche du château de Brion. A l’ouest, le lac de Chambedaze faisait partie intégrante de la paroisse de Compains avant la Révolution, époque à laquelle il fut intégré à la commune d’Egliseneuve à qui furent donnés plusieurs villages situés au sud-ouest de la commune de Compains.  Le lac de Bourdouze enfin qui, quoique situé dans la commune de Besse, sera cependant évoqué car sa rive sud suit la limite qui sépare Compains de Besse.

LE VOLCAN et le LAC du MONTCINEYRE

Le volcan

     Le Montcineyre est l’un des plus jeunes volcans d’Auvergne (environ 7500 ans, environ 500 ans avant le Pavin). Son cratère forme deux bassins coniques d’environ 18 mètres de profondeur. L’explosion  du Montcineyre fut à l’origine d’une coulée de lave de 7 km faite d’un basalte rugueux et infertile, désignée localement sous le terme de cheire. En forme de croissant, le cratère du volcan est formé de deux cônes emboîtés dont l’un empiète sur l’autre, ce que le boisement actuel rend difficilement perceptible (voir la vision d’un artiste au XIXe siècle chapitre “A l’entour”).

La coulée basaltique descendue du volcan vers le sud  atteignit l’emplacement actuel du bourg de Compains puis se dirigea vers l’est où elle stoppa au pied du Pic Saint-Pierre, à l’entrée de la belle vallée du Valbeleix. Là se rejoignent au lieu-dit Le Verdier la Couze de Compains et le ruisseau de La Gazelle pour former la Couze de Valbeleix, affluent de la Couze Pavin.

Le lac

Au nord du volcan, l’accumulation des scories forma un barrage naturel à l’origine de la formation du plus grand lac de Compains, le lac de Montcineyre (40 ha). En forme de croissant, le lac sert de réserve d’eau pour Issoire.

TOURNEBISE (Ph.), Ctratère et lac du MontcineyreLe volcan de Montcineyre et le lac (vus depuis le sud)

(cliché aérien Ph. Tournebise)

La cheire (coulée basaltique) du Montcineyre

d’après un schéma du Bureau de Recherches Géologiques et Minières

     Les bois qui couvrent le Montcineyre sont évoqués à de multiples reprises dans les textes du XIVe au XIXe siècle, le plus souvent à cause des pillages répétés auxquels se livraient les compainteyres et les habitants des villages voisins, mais aussi à cause des droits d’usage dont bénéficiaient les habitants. La vente en 1359 à Guillaume de Tinière d’un des hameau de Compains, le village de Chaumiane, incluait outre l’étang de Chaumiane situé au sud du hameau, une partie des bois de Montcineyre où les habitants avaient des droits d’usage.

TOURNEBISE (Ph.), Le Montcineyre et le lac, vus de la plaine du Montcineyre.

Le volcan de Montcineyre et le lac (vus depuis le nord-ouest)

(cliché aérien Ph. Tournebise)

     Devenir garde des eaux et forêts du seigneur pouvait se révéler  une industrie dangereuse. Le garde du comte de Montmorin-Saint-Hérent, seigneur de Compains en fit la malheureuse expérience et dut porter plainte en 1641 devant le procureur d’office de la terre de Compains. S’étant rendu au puy et bois de Montcineyre, il avait surpris le valet d’un habitant de Besse en train de charger du bois sur deux cavalles bâtées. Pris en flagrant délit, le contrevenant s’était rué sur lui, avait frappé le garde de sa cognée et, croyant avoir tué sa victime,  s’était enfui en abandonnant le bois qu’il tentait de dérober. Interrogé, le bessard employeur dudit valet se montra surpris, déclarant avoir ordonné une coupe de bois  à Espinat où il était assencé et non au Montcineyre. Comme souvent, on ignore quelle sanction frappa l’auteur de cette tentative de larçin qui, trouvant sans doute trop lointains les bois d’Espinat, avait préféré se servir au plus près de Besse.

Les bois et le lac du Montcineyre appartinrent aux Laizer de 1654 à la Révolution.

Le LAC des BORDES

      A l’heure où partout dans le royaume on cherchait à assécher les marais, Jean de Laizer (vers 1611- 14 janvier 1676), nouveau seigneur de Brion voulut créer un lac au lieu-dit les Bordes,  une innovation qui ne tarda pas à dresser contre lui les paysans du village.

     S’il n’apparait pas dans les textes retrouvés que les Montmorin-Saint-Hérent aient cherché à mieux rentabiliser leur seigneurie en apportant des modifications notables au milieu naturel, tout changea après la vente de la seigneurie à Jean de Laizer en 1654. Les Laizer ne faisaient pas que fournir au roi depuis des siècles des générations de soldats dévoués à sa cause. On verra à plusieurs reprises au XVIIIe et au XIXe siècle qu’ils avaient l’esprit scientifique et plus particulièrement porté vers les sciences naturelles. L’initiative de Jean de Laizer visait à introduire dans sa seigneurie une innovation destinée à mieux la rentabiliser : il voulut ennoyer la tourbière située dans la dépression naturelle qui s’étendait au nord de la butte de Brion pour en faire un lac. L’initiative, qui perturbait la routine paisible du village, mit en émoi la population. Craignant de manquer d’eau pour leurs bêtes, les paysans virent là un casus belli et ne reculèrent pas devant l’affrontement.

 Le foirail au premier plan, la Motte flanquée de Brion Haut et brion Bas, au fond, le Lac des Bordes

(cliché aérien Francis Cormon ©)

      Le lieu du conflit, une large dépression naturelle située au nord de Brion en contrebas de la butte, recueillait les eaux de pluie et de ruissellement. Ce territoire était jusqu’alors utilisé par les brionnais pour faire pacager et boire leurs animaux. On en extrayait la tourbe qui, vu la rareté du bois, chauffait l’hiver les habitations, on creusait des razes pour faire diverger l’eau vers les prés voisins. On se conformait à ce qui s’était toujours fait.

     L’innovation imposée par Jean de Laizer illustre la raideur de la politique domaniale du seigneur qui n’avait sans doute pas envisagé un instant qu’une concertation préalable pourrait utilement préparer les ruraux à cette modification majeure de leur environnement familier. Elle montre, inversement, l’esprit peu enclin au changement de paysans auvergnats, souvent réputés réfractaires à toute évolution par les observateurs du temps.

     Quels objectifs Jean de Laizer poursuivait-il en créant le lac des Bordes ? Les avantages du lac pouvaient être multiples pour le seigneur. Réalisable sans grands travaux, le lac permettrait de développer des productions spécifiques des zones humides : une chenevière – le chanvre comme le lin étaient très cultivés dans la région de Compains – ou une roselière dont on vendrait la production aux habitants du voisinage pour couvrir leurs mas. Enfin et  surtout, on pourrait empoissonner le lac. Élever du poisson présentait un réel intérêt économique en un temps où le poisson était rare et cher dans une Auvergne éloignée des façades maritimes. Partout la demande était forte, en particulier pour répondre aux obligations religieuses. Après avoir réalisé un investissement peu onéreux favorisé par la morphologie du milieu naturel, le seigneur escomptait à coup sûr un bon retour sur investissement.

 La butte de Brion vue depuis le lac des Bordes

(cliché aérien Francis Cormon ©)

   

Jean de Laizer gagne son procès contre les habitants

     L’opposition des habitants n’incita pas Jean de Laizer à abandonner son projet. On saisit la justice. Jean Verdier, notaire à Brion, regroupa autour de lui les contestataires. Un premier jugement arbitral donna gain de cause aux habitants mais fut contesté par Jean de Laizer qui relança la procédure. Un long procès s’ensuivit, finalement tranché en 1675 par une décision du Parlement de Paris auquel ressortissait l’Auvergne. Interdiction était faite aux paysans de faire pacager leur bétail dans l’espace dévolu au lac, ni de troubler en quoi que ce soit le seigneur sur ses terres. Pour apaiser les esprits, Jean de Laizer consentit à laisser aux habitants suffisamment d’eau au dessous de la bonde dudit lac, pour qu’ils puissent abreuver leurs troupeaux.

     Le seigneur gagnait donc contre les habitants. L’affaire avait cependant été l’occasion d’une prise de conscience collective aboutissant à une action commune. Par crainte de dégâts collatéraux consécutifs à une innovation qui, estimaient les brionnais, ne profiterait qu’au seigneur en les privant d’eau et d’espace herbager, on vit une petite communauté paysanne consciente de ses droits coutumiers et déterminée, oser s’insurger contre la politique domaniale du seigneur en assumant les grands risques financiers d’un procès. Perdants, ils savaient qu’ils seraient condamnés aux dépens. Ce qui arriva.

Lac des Bordes (Tournebise)

 Le lac des Bordes (cliché aérien Ph. Tournebise)

      En l’état actuel de la recherche, le lac n’apparait pas dans la documentation au XVIIIe siècle. Après la survenue de la Révolution, son existence ne parait pas avoir été remise en cause. Les biens des Laizer avaient été saisis et, pour partie, vendus comme Biens Nationaux. Après des années passées à combattre avec les Russes contre Napoléon, Maurice de Laizer revint en Auvergne en 1817.  Jusqu’à sa mort en 1855 il va s’acharner à récupérer légalement ce que la Révolution avait pris à sa famille. Durant des décennies, il réclame, fait des procès et rachète aux usurpateurs certaines de ses propriétés. En 1830, il vend le lac des Bordes.

 

 Lac des Bordes  (cliché aérien Ph. Tournebise)

Sur le plan d’eau apparaissent des chapelets d’ilots tourbeux. Certains sont accrochés au fond, d’autres flottent en surface.

      Comme quelques autres lieux de Compains, le lac des Bordes a été oublié sur la carte de Cassini, réalisée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Mais était-il en eau à cette époque ? le lac figure sur le cadastre de Compains (1828). En 1830, un jugement du tribunal nous apprend que le lac est devenu, par l’écoulement des eaux, un pacage productif pour les bestiaux.

 Cadastre de Compains (1828) – Arch. dép. du Puy-de-Dôme

La parcelle de Brion et le lac des Bordes (10 ha, 90 ares)

 

TOURBIERES à ESCOUFORT

Tourbières d'Escoufort

Au premier plan, une des tourbières d’Escoufort- Au fond le Montcineyre et son lac

(cliché aérien Ph. Tournebise)

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Compains – Tourbière d’Escoufort dans la plaine du Moncineyre

Cette photo a valu à Philippe Tournebise le premier prix du concours photo de France Nature Environnement

      On trouve à Escoufort plusieurs petits lacs-tourbières. Au XIVe siècle, les La Tour seigneurs de Besse étaient largement pourvus de terres dans l’Artense. Ils tenaient  en particulier dans la commune de Picherande la seigneurie de Ravel qui, en limite ouest de Compains, touchait la montagne d’Escoufort où on trouvait un village aujourd’hui disparu. En 1354, Bernard Ronat seigneur d’Escouailloux percevait de ses tenanciers d’Escoufort des redevances foncières payées en argent et en nature. Au XVe siècle, les montagnes d’Escoufort et celles voisines de Jeansenet, étaient tenues en indivision par des emphytéotes d’Antoine de Saint-Nectaire.

Tourbières d'Escoufort

Tourbière à Escoufort (cliché aérien Ph. Tournebise)

LAC de BOURDOUZE

      Au sud de la commune de Besse et Saint-Anastaise, voisin du Montcineyre, le lac de Bourdouze (25 ha.) touche la limite nord de la commune de Compains. La zone humide du lac est en partie recouverte par une tourbière dont le bord sud suit la ligne de séparation qui court entre les deux villages.

Bourdouze (Philippe TOURNEBISE) (2)compr

Lac de Bourdouze  (cliché aérien Ph. Tournebise)

Bourdouze (Philippe TOURNEBISE) (1)compr

Tourbière en bordure du lac de Bourdouze  (cliché aérien Ph. Tournebise)

Lac de Bourdouze 2

Détail de la tourbière de Bourdouze (cliché aérien Ph. Tournebise)

LAC de CHAMBEDAZE

      Partie intégrante du territoire communal jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, le lac de Chambedaze est situé à l’ouest du bourg près du lieu-dit Les Fontlonges. La superficie de ce lac où la présence de l’eau est constante atteignait 50 à 60 hectares dont ne subsistent que 5 à 6 hectares aujourd’hui. Les archives mentionnent le lac au XIIIe siècle. Lorsque fut partagé l’héritage de Maurin II de Bréon entre ses quatre héritières en 1280, Dauphine, épouse d’Ythier de Bréon, reçut les hautes terres d’Entraigues avec le lac de Chambedaze et la montagne de Cocudoux. En 1766, le marquis de Miramont vendit ses droits de pêche dans le lac à Jacques Rodde de Chalaniat.

Chambedaze compr. (Ph. TOURNEBISE)

Lac-tourbière de Chambedaze (cliché aérien Ph. Tournebise)

      Selon le régisseur de madame de Coiffier en 1844,  la tourbière de Chambedaze était considérée “nuisible pour les montagnes… et dangereuse pour les bestiaux”. Pour éviter les accidents il préconisait que le propriétaire y établît une clôture.

Tourbières de Chambedaze Lac-tourbière de Chambedaze (cliché aérien Ph. Tournebise)

Des lacs parfois intermittents

CHAUMIANE et LA FAGE

      La vie des lacs connaissait – au sens propre – des hauts et des bas et certains avaient un ennoiement réversible. Avant la Révolution, l’intérêt pour les lacs était principalement seigneurial : on y élevait du poisson qu’on pouvait commercialiser. La survenue de la Révolution ne laissa pas que les bois en déshérence. Plusieurs lacs dont l’entretien avait été négligé se retrouvèrent en tout ou partie asséchés et transformés en prés.

      Ainsi trouve-t-on au sud-ouest de Compains, le lac de La Fage asséché en 1828 et le lac de Chaumiane transformé en pré en 1848 et partiellement asséché en 1851. Au bourg, au bord de la Couze, le pré nommé Le Lac contenait environ un journal. Longé par la haute Couze, l’endroit aujourd’hui asséché semble avoir fait l’objet d’anciens aménagements, probablement pour y pratiquer une retenue d’eau.

Le LAC de CHAUMIANE

      Hameau de Compains, proche du Montcineyre, le manse de Chaumiane avait été vendu en 1349 par Maurin III de Bréon à Guillaume de Tinières. La vente incluait l’étang situé au sud du hameau. Au XVIIe siècle les habitants de Chaumiane bénéficiaient de droits lacustres dans le “lac des Ondes”, proche du village.

Compains – Chaumiane – Lac tourbière

      La grande dépression et les espaces marécageux du lac de Chaumiane vécurent des alternances de périodes sèches et de périodes d’ennoiement. Maurice de Laizer en 1827 était propriétaire à Chaumiane d’un pré appelé “le lac” qui n’est pas représenté sur le cadastre de 1828. Pourtant, selon un état des lieux établi en 1851, la propriété exploitée en pré dite “le lac de Chaumiane” est dite de nature marécageuse, “puisqu’elle a été autrefois un lac”. Laizer afferme verbalement à Amblard durant l’hiver 1851 cette “propriété en nature de pré appelée le lac de Chaumiane” . Méfiant, le preneur examine le terrain et découvre que plusieurs parties du pré sont submergées par les eaux, que faute d’entretien les rigoles d’évacuation sont comblées et qu’une partie du pré a été transformée en chemin.

 

Lac de Chaumiane

      Dépourvu de clôture, le pré est limité par des bornes qui forment des angles et des sinuosités et n’a en outre pas bénéficié d’engrais depuis longtemps.  Redevenu un lac, le lac de Chaumiane évolue de nos jours en tourbière.

Le LAC de LA FAGE

      A l’extrême ouest de la commune de Compains, au sud-ouest du Puy de la Vaisse (1359 m.),  le lac de La Fage (1274 m.) est un petit lac de cratère peu profond. Ses abords pentus et en partie boisés sur la rive ouest semblent n’avoir jamais été occupés par des bâtiments.

Le hameau et la montagne de La Fage faisaient partie de la commune de Compains avant la Révolution. Aujourd’hui, le le lac est traversé par la limite qui sépare la commune de Compains de celle d’Egliseneuve d’Entraigues.

Lac de La Fage

On trouvait à La Fage un domaine exploité par un métayer. Il reste quelques ruines des bâtiments d’exploitation près d’un ruisseau à environ 500 mètres au sud du lac. Jacques de La Reynerie faisait exploiter le domaine qu’ il dut vendre  à Jean Morin en 1696 pour payer ses dettes.

La création du lac – ou sa remise en eau – est postérieure à 1753, date à laquelle Jacques Rodde baille à ferme la montagne de La Fage où il se réserve le droit “de faire creuser pour former un étang à mettre du poisson, le creux appelé de La fage dont la situation est disposée à cet effet”.

Lac de La Fage

(aujourd’hui traversé par la limite qui sépare Compains de la commune d’Egliseneuve d’Entraigues)

      Le lac n’était pas encore aménagé en 1758, époque où la montagne de La Fage est exploitée en domaine. Le hameau de La Fage sera ensuite déserté et, comme la montagne de la Vaisse voisine, La Fage sera exploitée en montagne d’estive. Le lac ne resta sans doute qu’un temps mis en eau car lors de l’établissement du cadastre de 1828, il était dit “en nature de pâture” et “entièrement desséché”. Cette interaction de l’homme avec son milieu a pu trouver sa cause dans une ancienne ordonnance de la Convention qui, le 14 frimaire an II (4 décembre 1793), ordonnait le dessèchement et la mise en culture immédiate de presque tous les étangs de France dans le but de mieux nourrir la population qui vivait un temps de disette.

LAC de CUREYRE

Lac de Cureyre

      Proche du hameau du même nom, le lac de Cureyre voit se dresser en son milieu des rochers sur lesquels un esprit malicieux a fait surgir des sonnailles de pierre parfois ornées du chef cornu de la reine des prés locale.

Les PETITES ZONES HUMIDES, dites “LE LAC”

    On ne trouve pas à Compains que des lacs de taille importante.  L’usage local nommait “le lac” ou “les ondes” une myriade de petits espaces, de prés ou parfois de pâtures qui pouvaient ne se révéler que temporairement humides.  Propices selon les saisons à l’irrigation des prairies comme à l’abreuvage des bestiaux, ces petites zones humides apparaissent en grand nombre, égaillées au milieu des herbages.

Le “lac” de la Chavade – Au fond, le Baguet

     Au XIXe siècle, les exemples abondent dans les minutiers des notaires. Ainsi, au nombre des héritages de la famille Boyer domiciliée au bourg de Compains en 1859, on ne trouvait pas moins d’une dizaine de prés ou de pâtures dénommés “le lac”, parfois “le lac ou les ondes”. Proche du centre du bourg, on trouvait encore dans la première moitié du XXe siècle un lac aujourd’hui asséché dont l’eau s’écoulait dans la Couze, non loin de l’école près du pont de Brion.

En limite sud de Compains

LACS et TOURBIERES à LA GODIVELLE

La Godivelle pays des 2 lacs

La Godivelle – Le lac d’en haut et le lac d’en bas (cliché aérien Ph. Tournebise)

La Godivelle tourbières de la coualle basse 2

La Godivelle – Tourbière de la Coualle Basse (cliché aérien Ph. Tournebise)

 La Godivelle tourbières du lac d'en bas 2

La Godivelle – Tourbière du lac d’en bas (cliché aérien Ph. Tournebise)

La Godivelle tourbières du lac d'en bas

La Godivelle – Tourbière du lac d’en bas (cliché aérien Ph. Tournebise)

Rapport sur l’exploitation de la tourbe

dans le département du Puy-de-Dôme (1851), ADPD S 33

     Un rapport de Tournaire, ingénieur des mines, fait le point sur l’exploitation de la tourbe en 1851 dans le sud du département du Puy-de-Dôme. Bien que seules des communes limitrophes de Compains soient mentionnées, le rapport éclaire des pratiques de chauffage qui furent  celles des compainteyres, dans une région où le bois est rare.

“Le département du Puy-de-Dôme renferme des dépôts de tourbe sur les plateaux élevés qui s’étendent entre les montagnes du Cézallier, le Mont Dore et le département du Cantal. La tourbe repose le plus souvent sur un terrain basaltique et occupe les fonds des légères ondulations des plateaux ou des vallées. Elle est exploitée dans les communes de La Godivel, d’Espinchal, d’Eglise neuve, de Saint-Alyre-les-Montagnes. On l’emploie pour le chauffage domestique et la rareté du bois dans une partie de ces communes a propagé l’usage de ce combustible mais le peu de population de ces régions fraiches et élevées rend l’extraction minime.

Les tourbières sont situées en plus grande partie sur des terrains communaux ; plusieurs appartiennent à des particuliers. Les propriétaires de ces dernières vendent chaque année la  permission d’exploiter 3 ou 4 francs la toise carrée [une toise=environ six pieds de long (source : Calendrier d’Auvergne 1763) ; à partir de la Révolution, le mètre fut déclaré égal à trois pieds].

L’extraction se fait irrégulièrement et d’une manière intermittente. Elle est interrompue nécessairement pendant l’hiver lorsque la terre est couverte de neige. D’après les documents statistiques recueillis, dont plusieurs remontent à un certain nombre d’années, ces tourbières alimentent la consommation de 170 feux environ [le feu est généralement considéré égal à cinq ou six personnes]. Elles sont disséminées sur de grands espaces, au milieu des pâturages et des terres incultes. L’irrégularité de l’exploitation n’a donc aucun inconvénient pour la salubrité ou la culture. Toute nature de réglementation serait ici parfaitement superflue et d’ailleurs d’une application très difficile. Dans d’autres parties du département, des dépôts tourbeux moins importants peuvent exister, mais il n’est point à la connaissance de l’ingénieur soussigné qu’ils aient été exploités jusqu’à présent”.

5 commentaires sur “– Lacs et tourbières”

  1. Viviane Says:

    Très intéressantes ces vues au-dessus des lacs et tourbières; une autre façon de découvrir notre Cézallier.

    Le Montcineyre, éveille chez moi de vieux souvenirs scolaires. En effet, grâce à notre livre de géographie classe élémentaire, il y avait une photo de ce mont; nulle part ailleurs, je n’ai entendu parler du Montcineyre; il est vrai que j’habitais alors dans le Nord. Je ne pensais pas qu’un jour j’habiterai si près de ce mont.
    C’est très émouvant, croyez-moi.
    Merci
    VB

  2. Gigo Says:

    Julien Green est venu passer des vacances â Besse à l’hōtel de la Providence. Il a écrit un superbe livre intitulé Moncinère (inspiré du lac Montcineyre)

  3. Jean Pierre Says:

    Merci du travail que vous avez effectué.Étant absent pour quelques temps(j,habite à Troyes)je vous communiquerai des infos intėressantes sur Compains et la région a mon retour je pense étre à Brion pour la foire du 14 septembre prochain! JPierre Bernard

  4. Hugues de Fontaines Says:

    Bonjour,
    votre article sur Compains est très intéressant et apporte un éclairage richement illustré sur le lac des Bordes et la conduite de Jean de Laizer, aïeul de Maurice de Laizer dont j’ai récemment publié l’histoire.

  5. Boursin gaspard Says:

    Bonjour
    Merci pour cet éclairage sur le lac de bordes, lieu qui m’a toujours interpellé.
    Il se trouve que ma famille est propriétaire depuis 60 ans d’une maison qui a été la propriété de la famille laizer.
    Il se trouve aussi que chose incroyable et par un hasard total nous nous sommes aperçus après cette acquisition que nous étions liés de’ facon lointaine à cette famille.
    Je suis intéressé par l’histoire de cette famille en Auvergne, si quelqu’un a des infos…. gblabro@yahoo.fr
    Merci
    gb

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