Compains

Histoire d'un village du Cézallier

– Au VALBELEIX

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Le DISPOSITIF DÉFENSIF

au Valbeleix et sur ses marges

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      Bornée à l’est par le plateau de la Chavade, à l’ouest par le plateau de la Jarrige, l’étroite vallée en auge du Valbeleix est traversée du sud au nord par la Couze née à Compains qui part ensuite se faufiler dans les gorges boisées de Courgoul.  Le Valbeleix est dit aussi le Bostbeleix, souvenir de l’ancien couvert boisé dégradé lors des grands défrichements pratiqués au Moyen Âge.

Aux temps médiévaux, cette vallée très isolée  était cernée sur ses hauteurs par un cordon de lieux défensifs, pour certains tenus par les Saint Nectaire, en paticulier au Valbeleix et à Roche-Charles-La Meyrand où ils voisinaient avec les Bréon, seigneurs de Brion.

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Les Saint Nectaire vassaux du Dauphin d’Auvergne

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      Le lignage des Saint Nectaire est à la tête de châtellenies importantes sur les deux rives de la Couze de Compains. On les trouve au Moyen Âge seigneurs de Roche-Charles (Rocha Sirla) où ils tiennent un château aujourd’hui disparu dont ne subsiste aujourd’hui qu’une chapelle toujours en élévation et un cimetière. Les Saint-Nectaire sont aussi seigneurs du Valbeleix et, dans la paroisse de Compains, on les trouve hameau de Marsol et dans ses dépendances jusqu’à Jansenet, au nord-ouest de la paroisse de Compains. Lors de la mise en place progressive de la pyramide féodale dans les montagnes occidentales,  les Saint Nectaire – comme les Bréon avant eux – renaclent. Le 7 novembre 1224 le Dauphin d’Auvergne rend à Alix de Saint-Nectaire son château de Roche-Charles, peut-être confisqué jusqu’à ce qu’ils acceptent de lui rendre hommage. En 1225, les Saint-Nectaire finissent par rendre hommage au Dauphin d’Auvergne comme l’avaient fait avant eux les Bréon en 1222.

      Les deux familles voisines nouent en 1302 une alliance : Dauphine de Bréon, fille aînée d’Itier de Bréon est mariée à Bertrand de Saint Nectaire. Ce mariage ne contribuera qu’un temps à pacifier les relations entre les deux familles. Le lien se distendra au XIVe siècle, notamment pour des questions d’héritage à l’origine de longs procès.

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Le cordon défensif autour du Valbeleix

 

      La vallée du Valbeleix était gardée par une ligne de défense formée d’un chapelet  de postes fortifiés et de lieux d’observation qui couronnaient le sommet des versants de la vallée. Les traces des points défensifs déployés sur les hauteurs pour mieux sécuriser la région montrent que, comme souvent, les moyens mis en œuvre étaient localisés près des limites des seigneuries qui ne correspondaient pas systématiquement aux limites des paroisses.

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Valbeleix – Châteaux et lieux de garde

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      La chaine de lieux de surveillance fut choisie au Moyen Âge pour l’emplacement stratégique des sites qui devait répondre à des critères précis. Il fallait pouvoir bénéficier d’une vue dégagée sur les montagnes environnantes (la Garde sur Marcenat, La Tourette sur la Valette, Largelier) ; éventuellement, il fallait pouvoir élever une motte pour mieux surplomber des environs peu surs (La Tourette, Largelier), ou utiliser un promontoire rocheux (Roche-Charles), ou encore un inexpugnable pic basaltique (Brionnet). Gardiens de la vallée, ces lieux de surveillance balisent en les sécurisant les chemins hauts empruntés pour se rendre de Brion vers Brionnet et le Dauphiné d’Auvergne.

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Le sud de la vallée du Valbeleix

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RIVE DROITE de la COUZE

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      L’occupation militaire du sol mise en place sur les contreforts du Valbeleix comprend des niveaux de protection différents : on trouve soit des lieux de garde tenus par des soldats, de petits fortins qui peuvent être tenus par des vassaux (Largelier), soit des lieux de guette tenus par des habitants au titre des corvées dues au seigneur.

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  • ROCHE-CHARLES Château et chapelle – Lieux de garde : Roche-gardette et les Chasteloux de la Chavade

      Au bord d’un profond ravin, le château de Roche-Charles et sa chapelle (1066 m.), comme le village voisin de Boslabert, étaient tenus par les Saint Nectaire. Au delà la chapelle de Roche-Charles, seul vestige actuel du château, les sources dévoilent deux postes défensifs placés sur les rebords du plateau de la Chavade, aujourd’hui dégarni d’une partie de la forêt qui le couvrit.

 

Roche-Charles – Chapelle

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       Près de Boslabert apparait Roche-gardette, toponyme qui évoque à l’évidence un lieu de garde ; plus loin, sur le plateau de la Chavade, on découvre un ancien hameau depuis longtemps abandonné où se trouva vraisemblablement un lieu de garde, au lieu-dit les Chasteloux de la Chavade, une dénomination qu’on retrouve au Chastelet entre Egliseneuve et Condat et aux Chastelets à La Godivelle. Les Chasteloux de la Chavade balisent le chemin qui conduit à la Tourette, site d’un point de guet placé sur une motte encore bien visible que nous évoquons ci-après.

      Ces anciens lieux fortifiés ou, pour le moins pourvus d’un lieu de garde, étaient vraisemblablement tenus au Moyen Âge par les Bréon comme le laisse à penser une reconnaissance de dîmes faite par l’abbaye de Saint-Alyre en 1559 à François de Montmorin-Saint-Hérem, alors seigneur de Brion. Ce texte permet d’entrevoir que l’étendue réelle de la seigneurie de Brion a pu couvrir, à l’est de la paroisse, le plateau de la Chavade, le village des Chasteloux de la Chavade et sa chapelle, et ce, vraisemblablement jusqu’à la Tourette.

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  • VALBELEIX – La Valette – Motte féodale de la Tourette

      Une bonne montée à travers les bois qui surplombent le hameau de la Valette (720 m.) permet d’atteindre le site de la Tourette (900 m.). Du haut de la motte qu’on y trouve encore on surveillait la région forestière et peu sûre des gorges du Sault. Située à l’extrémité du plateau de la Chavade, la Tourette a pu marquer la limite des possessions des Bréon.

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Valbeleix-La Valette : motte de la Tourette

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RIVE GAUCHE de la COUZE

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  • BLATTE – Ruines

      Les hauts de Blatte (1113 m.), au nord de Marsol, portent de nombreux vestiges de constructions qui pourraient indiquer la présence d’un ancien fortin ou d’un lieu de garde.  L’usage du site aurait évolué au fil du temps en village qu’on abandonna ensuite pour installer des burons. On ne distingue plus aujourd’hui que la base des murs de nombreux bâtiments.

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  • LA GARDE sur MARCENAT

       Le cadastre de 1828 montre, dominant le cul de sac qui ferme la vallée du Valbeleix, le hameau de Lagarde (991 m.), au lieu-dit Le Suquet des granges. A 1002 m., le point de surveillance de Lagarde protégea sans doute aux temps médiévaux ceux qui se déplaçaient sur le chemin qui conduisait de Besse à Courgoul.

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  • Le TERME

      Dans la commune de Besse et Saint-Anastaise,  près du hameau de la Vessière (1048 m.), le lieu-dit le Terme marquait au Moyen Âge la limite d’un territoire. Selon l’origine latine du mot, terminus était un dieu romain. Garant de la tranquillité des campagnes, terminus veillait sur la limite des champs et protégeait les bornes qui gardaient les propriétés foncières. Certains allèguent que le mot terme aurait pu désigner un rideau de végétation formant limite ou même un terrain pentu, une terrasse. Ce toponyme pourrait également avoir marqué la limite entre la châtellenie de Besse fief des La Tour et la châtellenie du Valbeleix, fief des Saint Nectaire.

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Valbeleix – Eglise Saint-Pierre – Écu aux armes des Saint-Nectaire

 

 

A SUIVRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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