Compains

Histoire d'un village du Cézallier

– Toponymie – Hydronymie

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mise à jour 2025

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      Pour une approche cartographique précise des 160 toponymes mis en exergue ci-après, on consultera avec profit trois cartes I.G.N. au 1 : 25 000 : Monts du Cézallier, Massif du Sancy et Ardes.

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Les noms de lieux à Compains et alentour du XIVe au XIXe siècle

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       Mieux comprendre les noms de lieux dont le sens caché nous échappe habituellement est l’objectif de ce chapitre. Reflets de la vie qui un jour a surgi à Compains, s’y est installée et y a prospéré, les toponymes de la commune évoquent la topographie (Brion, Les Costes…), la nature du terrain (Barbesèche, Malsagne), les cultures pratiquées (Cézalier, le seigle, Chavade, l’avoine…), le patronyme des habitants (Compains, Marsol, Groslier, Chandelière, Roche-Garnaud…). Aussi concisément que possible, nous avons tenté – pour autant que les sources nous en donnaient les moyens – de mettre chacun d’eux en relation avec l’histoire de la paroisse, puis de la commune.

      Du Moyen Âge à l’établissement du cadastre (1828), c’est plus de cent soixante lieux-dits et quelques termes du langage du pays qui ont été recueillis ci-après. Ils sont considérés dans l’ancien périmètre de la seigneurie de Brion, dans les limites de la parroisse, puis de la commune de Compains et, plus exceptionnellement, à ses abords dans les paroisses mitoyennes, Le Valbeleix, La Godivelle, Espinchal, Saint-Alyre-ès-Montagne et Besse.  Ce travail nous a conduit à exprimer quelques hypothèses fondées sur la recherche que nous menons parallèlement au site compains-cezallier sur les seigneurs de Brion au Moyen Âge. La bibliographie des ouvrages consultés figure à la fin de ce chapitre.

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Remarque liminaire

      On est frappé par la grande stabilité de certains noms de villages qu’on peut faire remonter au Moyen Âge et plus particulièrement au XIVe siècle. Maurin de Bréon fut alors contraint de vendre en 1349 plusieurs terres et villages située à Compains, dans les environs et plus généralement en Basse Auvergne et au Pays des Montagnes. On verra qu’à Compains on trouve inchangés les « villa seu mansum » de Breone (Brion), Compens (Compains), Curieras (Cureyre), Chalmienne (Chaumiane), mais aussi le nom des hameaux de Chambedaze, Grolier (le Groleix), Modenas (Moudeyre), Gonfaudes (Graffaudeix), Espinat et Redondel, ainsi qu’aujourd’hui dans la commune d’Egliseneuve d’Entraigues, le « mense del pont de gliseneuve » et le « molendum del chau », moulin proche du château d’Entraigues.

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TYPOLOGIE SOMMAIRE

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      A Compains, les toponymes sont fortement influencés par les formes d’un relief tourmenté à souhait qui a généré de nombreux noms de lieux liés au volcanisme, à la géologie ou à l’eau mais aussi à la rudesse d’un pays au climat peu accueillant aux cultures. La topographie des lieux est partout présente : qu’ils soient proéminents ou en creux, les lieux-dits les Costes, le Cros, la Planète, la Plaine, la Motte, la Combe, le Cheix, les Chirouzes, le Teston ou le Suc, nous remémorent qu’ici  volcans et glaciers se sont succédés pour labourer le territoire.

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  • Le volcanisme impressionne dès l’entrée dans la commune. D’où qu’on vienne, il est révélé par une dizaine de Puys dont la plupart atteignent 1300 mètres. Le plus récent, le Montcineyre (mot composé pour Mont des cendres) est prolongé sur son flanc sud par une cheire, (coulée de lave en Auvergnat), sur laquelle sont construit le bourg et les villages de la Ronzière et Belleguette.  Dans la vallée de la haute Couze, le bourg de Compains est tapi entre trois volcans : le Puy Moncey, le Joran et le Puy de la Vaisse. D’autres volcans sont au contraire âgés de millions d’années comme le Cocudoux ou le Teston du Joran. Ces vieux volcans aux sommets rabotés voisinent avec la Motte de Brion qui émerge d’une vallée dégagée par les glaciers.

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  • La topographie, les accidents du terrain et les limites sont à l’origine de nombreux noms de lieux. Où qu’on se tourne, partout surgit la roche abrupte. C’est d’abord l’à-pic vertigineux du contrefort du Cézalier, enjambé par les cascades des Diablaires ; ce sont aussi la falaise de Chandelière, les orgues de Brion ou, près de la chapelle Saint-Gorgon, le Rocher de Labro qu’on bordait d’une palissade pour protéger les bêtes. Un peu partout, le mot pierre sert à identifier d’anciennes limites,  la Pierre Longue, la Pierre Ronde, la Piera de mez, sans oublier sur le Joran la plus célèbre de Compains, la Pierre Saraillade et à l’est la Borne de Courbeyre bien visible au tripoint où se rejoignent Compains, La Meyrand et le Valbeleix.

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  • L’eau partout présente est tranquille quand, rassemblant des ruisseaux épars, elle coule en fond de vallée comme la Couze (eau), le calme ruisseau dit l’Eau Derrière ou même comme les sources de Fontpiroux (forme dialectale qui allie la source à la pierre) ou encore les Fontlonges. L’eau sait aussi être tumultueuse avec le torrentueux ruisseau de Clamouze (ruisseau des clameurs, possible lisière de la seigneurie des Bréon au Moyen Âge) ou quand la Gazelle, (le gué), cascade à l’est du Montcineyre. Prolongeant L’Eau Derrière à l’est, le ruisseau de Sault a creusé une gorge boisée et se faufile dans un défilé mystérieux, à l’écart de toute vie.

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  • La rudesse du pays et la mauvaise qualité du terrain sont dévoilées à de nombreuses reprises : Barbesèche, un lieu où les sources et les razes sont insuffisantes à assurer l’abreuvement des bestiaux, la Chau qui désigne un espace pierreux, le Cheix, un sommet pierreux, la Chavade, un lieu chauve et déboisé ; d’autres se passent de commentaire tels Espinat, La Ronzière, Le Ronzier… Les lieux-dits sagne sont nombreux, en particulier à Marsol et Chandelière, sans oublier Malsagne proche de la Montagne de Barbesèche.

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  • La végétation a influencé de nombreux toponymes qui donnent une physionomie d’un paysage végétal qui remonte à l’époque des anciens grands défrichements activement déployés entre l’époque carolingienne et les XIIe-XIIIe siècles : Graffaudeix (le houx), le Joran (lieu boisé), La Fage (le hêtre), La Ronzière (les ronces), La Taillade (les taillis), Veisselier (de la vesce, une plante fourragère), La Vaisse (le noisetier). Certains seraient plus récents comme Les Essères à Chandelière.

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  •  Les productions locales et l’activité économique, sont révélées par le nom même de Cézalier, évocateur d’une terre seiglière, ou encore près de Marsol par celui de Chavade, terme dont l’une des acceptions évoque l’avoine qu’on sait produite près de ce village au XVIIe siècle. On n’oubliera pas non plus au pied de la Motte le lieu dit le péage et la Pierre Saraillade dite « pierre de péage » qui balisait un chemin qui conduisait aux foires de Brion. La trace des bâtiments agricoles dispersés au plus près des bêtes est omniprésente avec les bordes qui ont laissé leur nom au lac du même nom, les grangeounes, ou les cabanes de chabaniol, mais aussi les granges dites Grange des Dolles ou la Grange Maret à la sortie du bourg. Quant aux burons fromagers ils alimentaient les caves à fromage, et l’une d’elles est toujours visible à Brion-Haut.

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  • Vu sous l’angle de la surveillance du territoire au Moyen Âge,  on retrouve Brion siège du château et Roche siège vraisemblable d’un manoir défensif – On sait que les limites des seigneuries ne correspondaient pas aux limites des paroisses. Plusieurs toponymes désignent des lieux – souvent placés en limite de la seigneurie de Brion – associés à des lieux défensifs : Beauregard, Belleguette-Haut et sa motte féodale, La Garde, La Gardette dans la paroisse de Compains, mais aussi au Valbeleix Les Chasteloux de la Chavade, La Tourette et sa motte féodale en surplomb de La Valette et surplombant le hameau de Marcenat, La Garde (1002 m.) qui surveillait le fond de la vallée du Valbeleix. Le Terme, sur la rive gauche de la Couze, est l’indice que se trouvait là une limite entre deux ou plusieurs propriétés.

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  • Les cultes anciens sont évoqués plus rarement mais ne sont pas absents. En lisière sud-ouest de Compains, dans la paroisse d’Espinchal, le Puy du Luguet (1143 m.) près de la Montagne d’Espinat vient évoquer l’existence d’un sanctuaire rural très ancien dédié à Lug, dieu celte des forêts, qu’on associait à Mercure, révéré sur les hauteurs (Puy-de-Dôme). Un tel indice de l’ancienneté de l’implantation humaine en zone de montagne est également présent à Anzat-le-Luguet.

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  • Enfin, les animaux communs dans les montagnes ne sont pas absents de l’environnement immédiat de Compains. Quelques noms de lieux induisent leur présence au Moyen Âge dans la région : face au château de Brion, mais dans la commune de Saint-Alyre-ès-Montagne, le hameau de La Volpilière révèle la tanière de renards, comme le bois et le ruisseau de Roche Ursine et le village d’Artoux (terrier S.A.E.M. 1724) ou le village d’Oursière à Saint-Pierre Colamine évoquent l’ancienne présence des ours qui disparurent de la région au fil du Moyen âge. Plus loin, vers le couchant, le nom même de l’Artense est réputé désigner « le pays des ours ». On n’oubliera pas le loup, absent des noms de lieux-dits à Compains, mais présent à La Godivelle aux Loubeyres et au Pré du loup. On trouvait à Egliseneuve-d’Entraigues « le creux du loup » et à Espinchal le ruisseau dit la « loubaneyre », la tanière du loup. Et certains n’affirment-t-ils pas – sans trop de certitude cependant – que le Valbeleix serait la vallée des loups ?

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CLASSEMENT ALPHABÉTIQUE

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Arbre – Le mot arbre employé comme toponyme désigne à Compains un lieu caractérisé par la présence d’un seul arbre, peut-être un très vieil arbre ? Le cadastre (1828) indique un Pré de l’arbre au hameau de Marsol. Un deuxième Pré de l’arbre se trouve au nord-est du Lac des Bordes et un troisième est visible à Roche vers le Rocher de Labro.

Artense – L’ouest de la commune de Compains, au-delà des ruisseaux de Groleix et de Clamousse, frôle l’Artense, tenue au Moyen Âge, comme la paroisse de Besse, par la maison de La Tour. La limite occidentale de la seigneurie de Brion atteignait le ruisseau de Groleix. La Montagne de Cisterne, dans l’Entraigues des ruisseaux de Groleix et de Clamousse, relevait des Chaslus au XIIIe siècle. L’endroit était surveillé au lieu-dit La Garde de Cisterne.

Artoux (cirque et village d’) – D’artos, nom celtique de l’ours. Dans la commune de Saint-Alyre-ès-Montagne, le cirque et le hameau d’Artoux tireraient leur nom de celui de l’ours.

Aigua – Ruisseau, rivière. Près de Brion, ruisseau de l’aiga (cadastre 1828), dit aussi parfois de longua et l’Entraigues au sud-ouest du bourg.

Aigavers – En Occitan, ligne de partage des eaux. Une ligne de partage des eaux traverse la commune de Compains.

Angles (les) – Du latin angulus, angle, coin et de l’Occitan anglar : pierre angulaire ou angle formé par deux chemins ou deux rivières. Entre Redondel et Espinat, près de la portion de la commune de Compains détachée à la Révolution, le lieu-dit Les Angles (aujourd’hui dans la commune d’Egliseneuve-d’Entraigues) a pu être ainsi nommé parce que situé à la croisée de les chemins y forment visiblement un Y. On observe la présence du même toponyme au sud de Mazoires là où les chemins forment eux aussi un Y. Le phénomène est encore plus marqué au Mont Dore, à la ferme de l’Angle (1262 m.). L’hypothèse avancée par certains selon laquelle le terme devrait être rattaché aux « Anglais » pendant la guerre de Cent Ans nous semble irrecevable puisqu’on rencontre des lieux dits Les Angles bien avant la guerre de Cent ans, par exemple dans le cartulaire de Conques (textes entre le IXe et le XIIIe siècle). On le retrouve plus tard dans le terrier de la seigneurie d’Entraigues (XVIe siècle) où il peut révéler un point de contact entre plusieurs seigneuries.

Aurouze – Désigne l’eau courante. Issue d’une branche des Rochefort, Françoise de Rochefort d’Aurouze épousa Maurin de Bréon au XIIIe siècle. Coïncidence : l’Aurouze est un ruisseau des environs de Lectoure (Gers) dont l’évêque prêta de l’argent à Maurin III de Bréon au XIVe siècle.

Bagnard – (Baniar) – Lieu humide. Une partie du Joran était dite Joran bagnard.

Barba – Bois d’aulnes. A Compains, au bord de la Couze le Moulin de Barba, peut-être le Moulin des aulnes, plante qui affectionne les lieux humides, dite aussi vergne ou verne, un nom qu’on retrouve au Pont du Vernet situé au pied du château de Mardogne, autre grande seigneurie des Bréon. Barba est un patronyme répandu à Compains.

Barbesèche – Au sud du bourg, la Montagne de Barbesèche porte un nom évocateur du manque d’eau qui y règne.

Beauregard – Issu du francique wardon, veiller ; en anglais to ward : protéger. Le terme regard désigne un lieu d’où l’on peut surveiller facilement, un poste d’observation établi en un lieu élevé [C.N.T.R.L.]. Beau désigne un lieu d’où la vue étendue permet de voir approcher les ennemis. Ce mot composé indique donc une hauteur d’où on guette, d’où on peut embrasser un vaste panorama et donc surveiller une vaste étendue.

Le site du buron de Beauregard (1180 m.) tel qu’on peut le voir aujourd’hui correspond bien à une telle interprétation. Au nord de la seigneurie de Brion, Beauregard proche de Roche, a pu accueillir au XIIIe siècle la maison forte des seigneurs de Largelier, dits dans les textes médiévaux « alias de Roche », vassaux des Bréon. De ce poste d’observation proche de la falaise du Rocher de Labro, on surveillait le chemin qui conduisait du bourg de Compains à Besse. Un autre Beauregard se trouve à La Meyrand (Roche-Charles-La Meyrand). Il correspond à l’ancienne extrémité est de la seigneurie de Brion.

Belleguette – Comme Beauregard, Belleguette était un lieu depuis lequel on pouvait surveiller – guetter – les environs et prévenir de la survenue de bandes hostiles. Il y eut deux Belleguette à Compains. Sur les sommets qui dominent la rive droite de la Couze, Belleguette-Haut, (voir le chapitre consacré à Belleguette), était l’un des points de la paroisse où une garde devait être assurée, au même titre qu’aux lieux dits La Garde (attesté en 1325) au sud-ouest du château de Brion ou La Gardette qui relevait de la petite seigneurie d’Escouailloux. On trouve à Belleguette-Haut les ruines d’un très ancien village flanqué d’une motte féodale encore bien visible. L’endroit est aujourd’hui colonisé par les bois. A Brion, non loin des Burons de La Garde, plusieurs parcelles de prés sont désignées sous le nom de Belleguette dans le cadastre de 1828, confirmant la présence d’un lieu de surveillance situé en position avancée au pied du château.

Besse – D’origine gauloise, le terme désigne un peuplement de bouleaux et, par conséquence, les constructions établies après son défrichement.

Blatte – Terre à seigle.

Borde (Lac des) – Dérivée du bas-latin borda, la borde désignait une cabane, puis plus tard une métairie ou une grange qu’on pouvait trouver en limite d’un grand domaine. Borde est un terme fréquent dans l’ouest de l’Auvergne pour désigner une petite exploitation rurale. Selon P.-H. Billy, le mot apparait à l’époque carolingienne avec le sens de « tenure de bordier », pour désigner une métairie ou un habitat agricole. Selon Pierre Bonnaud, la notion remonterait au Haut Moyen âge. On distingue la buoria (borie), grande ferme où on élève des bovins et la borda, plus proche de la fermette. Au pied de la Motte de Brion, Le Lac des Bordes fut établi au XVIIe siècle dans une dépression par Jean de Laizer après qu’il ait acquis la seigneurie de Brion et Compains en 1654. Sa création fut à l’origine d’un long procès avec les habitants (voir le chapitre Lacs et tourbières).

Borne – Grande pierre ou amas de pierres marquant une limite de propriété ou de paroisse. Quelques bornes sont encore bien visibles à Compains : la Borne de Courbeyre où se rejoignent Compains, La Meyrand et Valbeleix ou la borne de péage dite Pierre Sarraillade (voir le chapitre Population et territoire). Des bornes de plus petite dimension, probablement plus récentes, sont toujours visibles à Chaumiane et le long du bois qui borde le Cros de Joran à La Godivelle.

Bost – Du bas latin boscus, bois dégradé par les essarts, espace forestier. Bostbeleix est le nom qui fut un temps donné au bourg du village de Valbeleix.

Brion, Bréon – Ce toponyme d’origine gauloise désigne un lieu et en précise l’usage. Briga, qui désignait une hauteur, évolua pour désigner un lieu élevé portant un point défensif, puis une fortification :  Se briga : se mettre à l’abri (selon Karl-Heinz Reichel). Le nom du lieu fournit son nom à la famille éponyme de Bréon et au village de Brion qui se constitua près de la butte avec des paysans venus des environs pour travailler les terres du seigneur. Un Bréon avait des possessions dans la région d’Issoire en 1199. A Compains, la forteresse de Brion se trouve vassalisée par le dauphin en 1222. Reflet de l’orthographe fluctuante des textes latins du XIIIe et du XIVe siècle, les seigneurs de Bréon sont dits au Moyen Âge, de Breon, de Breo ou plus rarement de Breonne. Dans notre recherche, nous utilisons le patronyme Bréon pour désigner les seigneurs et le toponyme Brion pour nommer le village.

Bro –  Broa indiquerait l’idée de clôture, de bordure, de ravin. A Compains le Rocher de Labro est une falaise qui domine la ferme de Roche, qui rendait indispensable une clôture pour préserver le bétail. Sur les terres des Bréon, le hameau de Labro est cité au XIVe siècle au sud-ouest d’Espinchal près de la terre de Chevaspère où coule la Fontaine des trois Seigneurs.

Cabane – La « cabane Tartière » se trouvait face à la Motte sur la rive droite du ruisseau L’Eau derrière. Il s’agissait d’un bâtiment rural et non d’une ruine ou d’une cahute en piteux état qui serait dite en Auvergne chezal ou chazalou.

Cézalier (seijavei) – Le terme Cézalier désigne une terre à seigle, une seiglière. Le nom de ce massif qui rejoint les Monts Dores et les Monts du Cantal est sans rapport avec l’Allier et devrait s’orthographier Cézalier. A Compains où le territoire paroissial est étiré du Montcineyre à Brion, on est à la fois des Dores et du Cézalier. Pourtant, et bien que que la commune chevauche les contreforts du massif, le terme, sans doute trop général n’est jamais employé dans les minutes notariales des paysans bien que son emploi ait été courant sous l’Ancien Régime. On le trouve en particulier dans le terrier de Saint-Alyre-ès-Montagne, réalisé en 1727 pour les La Rochefoucauld, seigneurs de la baronnie du Luguet dont relevait Saint-Alyre. Plus tard, la carte de Cassini (vers 1760) nommera Montagne du Cézallier les montagnes situées au nord d’Allanche entre Anzat et Marcenat. Né en 1759 à Allanche, Dominique Dufour de Pradt écrit Césallier dans Le voyage agronomique en Auvergne, ouvrage qu’il publia en 1828. Enfin, on peut consulter aux Archives départementales du Puy-de-Dôme un plan de la Montagne du Sezealier, daté de 1848, malheureusement non signé.

Chabagnol – Situé sur la portion du territoire de la paroisse de Compains perdue à la Révolution et rattachée à Egliseneuve-d’Entraigues, le lieu dérive de chabanne ou cabane, terme qu’on employait dès le Moyen Âge pour désigner une construction modeste.

Chalm – De l’occitan, terre inculte, plateau désert – Chalmas : lande.

Chambedaze (Lac de) – Depuis la Révolution, ce lac et la Montagne de Chambedaze qui l’entoure forme la frontière entre Compains et Egliseneuve d’Entraigues.

Chandelière – Le nom de ce hameau proviendrait de candol, le ruisseau ce qui semble étonnant compte tenu de la configuration des lieux. Une autre hypothèse est que Chandelière dériverait du nom du domaine rural d’un nommé Chandel auquel s’ajouta le suffixe ière indiquant la propriété.

Chapelle –  Capella, diminutif de capa, désigne en latin vulgaire un manteau. La chape fut à l’origine un manteau à capuchon. Au début du christianisme, la chape la plus célèbre fut celle de saint Martin qui avait coupé en deux son manteau pour le partager avec un pauvre un jour d’hiver. Conservée, cette demi chape fut adorée et considérée comme une relique qu’on déposa dans un petit édifice, la première chapelle. Le mot chapelle est attesté en latin médiéval dès 679.

A Compains, la chapelle Saint-Jean-Baptiste située près de la Motte se trouva ruinée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (voir le chapitre La chapelle disparue). Construite semble-t-il en 1843 près de Roche, la chapelle Saint-Gorgon n’abrite pas les reliques du saint qui sont conservées dans l’église Saint-Georges (voir le chapitre La chapelle Saint-Gorgon). Enfin sur la route qui conduite du bourg de Compains à Besse, on croise une minuscule chapelle qu’on dit vouée à Saint-Etienne. La documentation est muette à son sujet.

CharreiraCarreira – Du celtique car, ker, la pierre. Chemin où deux chars peuvent se croiser. Lieu-dit Les Charreyres près des Chastelets sur des terres qui relevèrent des Bréon dans la commune de Condat.

Chassagne – Sur les hauteurs de la rive est du ruisseau de Sault, la paroisse de Chassagne voit son nom dériver du gaulois  pour désigner le chêne (Pierre Bonnaud). On venait prendre à Chassagne du bois pour les fours de Lezoux.

Chastelets (les) – Petit château sous une forme à la fois diminutive et plurielle. A La Godivelle : les Chastelets ; au Valbeleix : les Chasteloux de la Chavade ; à Condat : les Chastelets.

Chau – Lieu pierreux, terrain de parcours. Les bêtes parcourent la chau dit-on au village.

Chaumiane – Le chaume, en latin calamus – en occitan calm – désigne une lande ou une pâture élevée vouée au pacage des animaux plus qu’à la culture. Le terme peut aussi désigner un lieu où se côtoient des propriétés mitoyennes. Cité en 1359,  le hameau de Chaumiane faisait partie de la seigneurie de Brion qui appartint successivement aux Bréon, puis à leurs successeurs à Compains, les Peschin, Souchet, Thinière, Montmorin-Saint-Hérem et enfin Laizer jusqu’à la Révolution.

Chauvet – Position dominante rendue chauve par les défrichements. Au nord de Compains, le Lac Chauvet.

Chavade (la) – Du latin calvus, chauve. Ce toponyme peut désigner un lieu déboisé, mais aussi dans le Puy-de-Dôme, l’avoine (chevada) qu’on cultivait par exemple à Marsol. Sur les hauteurs du Valbeleix, La Chavade est proche des Chasteloux de la Chavade où se trouvait un point défensif au Moyen Âge.

Cheire – Coulée de lave, en auvergnat. Le bourg de Compains est construit sur la cheire du Montcineyre.

Cheix (le) – Racine kal, kar. En Auvergne, chier, bout, extrémité d’un relief rocheux, sommet pierreux. En nord occitan, le Cheix est un massif rocheux, un tas de pierre, naturel ou artificiel, le bout ou l’extrémité d’un relief rocheux, ce qui correspond bien à la topographie de cette terre qu’un texte permet de localiser au Valbeleix (Vailh Beletz) entre Vauzelle et la chapelle de Rochecharles. Cette terre située à l’extrémité nord-est de la seigneurie de Brion fut donnée par Maurin II en 1225 à l’abbaye bénédictine de Saint-Alyre-lès-Clermont. Le toponyme Cheix est répandu dans la région où on le trouve également au nord de Vodable (Cheix La Garde), et près de Saurier (Le Cheix).

Chirouzes (Les)Village de l’ancienne commune de Saint-Anastaise (aujourd’hui Besse et Saint-Anastaise), qui touche la limite nord de la commune de Compains. Les Chirouzes doivent leur nom à un territoire couvert de pierres qui prend son origine dans le celtique cher ou cair, la pierre. Les Chirouzes désigne un lieu pierreux en occitan auvergnat. L’endroit était connu pour ses maisons cernées de pierres souvent pointues qui, dressées verticalement, empêchaient les bestiaux de consommer la toiture des habitations et les protégeaient de la neige. Certaines de ces grandes pierres plates qui peuvent atteindre plus d’un mètre carré sont encore visibles aux Chirouzes et à Marsol. La question de leur provenance fait naître une hypothèse : des géologues ont découvert qu’il existe au Puy Moncey une phonolite très particulière qu’on rencontre aussi à Blesle. Trop fragile, cette phonolite qui ne peut être débitée en lauzes de toit aurait donc pu être utilisée pour border les chemins et protéger de la dent animale le couvert à paille des toitures. Quelques compainteyres pensent que ce lieu éventé tirerait son nom de l’écir (échir en patois), un vent violent qui souffle en rafales.

Cisterne – De l’Occitan cisterna, la citerne, lieu-dit sur le cours supérieur du ruisseau de Clamousse. En limite ouest de la paroisse de Compains, la Fontaine du bac de La Garde de Cisterne (cadastre 1828) doit son nom à une source alimentée par deux ruisseaux qui y remplissaient une réserve d’eau. La Garde de Cisterne sécurisait l’estrade publique, c’est à dire la grande route qui, évitant Compains, conduisait d’Egliseneuve à Besse.

Tenue par une branche des Chaslus, la Montagne de Cisterne s’interposait entre les terres des Bréon et celles des La Tour, seigneurs de Ravel dans la commune de Picherande. Au XIIe siècle, Richard de Chaslus était seigneur de Cisterne. Son descendant, Robert de Chaslus, sire d’Entraygue, racheta pour 4000 livres des terres saisies par le roi en 1349 sur Maurin III de Bréon.

Clamouze Clamousse (ruisseau de) – Du latin clamor, clamosus, clameur. Situé à l’ouest du territoire communal de Compains, orienté Nord-Sud, le ruisseau de Clamousse, (la rivière des clameurs, des grondements), relève du bassin de la Dordogne et conflue avec le ruisseau d’Entraigues pour former la Rhue. Il aurait pu marquer au Moyen Âge la limite occidentale de la seigneurie de Brion mais on lui préfèrera le ruisseau voisin de Grosleix.

Cluse (la) – Une cluse est un passage qui fait communiquer deux vallées. A Compains, le ruisseau de la Cluse, dit aussi ruisseau des Règes, se faufile entre la Montagne de Blatte et la Montagne de La Taillade et va finir sa course dans la Couze peu avant Belleguette.

Cocudoux – Au nord de la commune de Compains, le Mont Cocudoux (1342 m.) tire son nom de cocu issu du pré-celtique cuc ou kok, signifiant tête ou sommet arrondi, passé au vieux français avec le même sens. Les pierres arrondies qui surmontent certains pignons de maisons sont également nommées cocu, on peut en voir un exemple près de l’église.

Combe – Du latin cumba désignant un lieu bas, un creux du terrain, une vallée sèche. A Compains, Combe Beaugeix, Combe Tartière, Combe Chave dans la section de Chandelière, les Combes au nord du bourg. La chava désigne un creux.

Compains (Compens du Moyen Âge au XVIIIe siècle) – Selon Gabriel Fournier, Compains serait le lieu dit à l’époque mérovingienne Compendiacum, toponyme dérivé du nom de Compendius, un gallo-romain maître d’un domaine agricole (villa) probablement déjà situé entre Couze et Gazelle, ce qu’on ne peut cependant affirmer faute de fouilles archéologiques. Le suffixe celte acum est fréquent parmi les toponymes gallo-romains du Cézalier.  La forme Compens, avérée en 1317, est sans doute beaucoup plus ancienne. Elle sera couramment utilisée jusqu’au début du XVIIIe siècle.

Contrairement à Brion où la famille prit le nom du lieu où elle s’installa, le bourg aurait pris le nom du gallo-romain fondateur d’une villa. Un débat existe autour de l’origine du mot Compains. Selon Stéphane Gendron, Compains dériverait de Compendiacum, le raccourci. A l’examen, on ne voit cependant pas en quoi passer par Compains constituerait un raccourci puisque la voie la plus courte pour se rendre de Condat à Besse ne passait pas par le bourg.

Condat – Du gaulois condate, le confluent. La commune de Condat est située au confluent de la Rhue, du Bonjon et de la Santoire.

Confination – Du latin confinium, limite d’un territoire, d’un champ. Employé très fréquemment dans les textes notariaux quand ils détaillent les terres voisines d’une parcelle.

Coste – Terrain en pente. Au nord du bourg on trouve la Montagne des Costes (1153 m.) et le hameau bipolaire des Costes : les Costes-Haut (Costes soubra, du latin superus) et les Costes-Bas (Costes soutra, du latin subtus).

Cougnie – Du latin cuneus, angle, coin. Désignait en langage local un lieu retiré tel celui dit le Cougny, caché dans un coin de La Plaine, lieu-dit qui fait face à la Montagne de Barbesèche.

Couze – Le terme provient de l’hydronyme pré-celtique cosa désignant l’eau qui descend de la montagne. Ce nom de cours d’eau est fréquent dans la région de Compains où on parle du « Pays des Couzes ». Née au sud du bourg de Compains, la Couze de Compains après son confluent avec le ruisseau de la Gazelle prend le nom de Couze de Valbeleix puis va se jeter dans la Couze Pavin. La Couze d’Ardes nait au sud de Brion, dans la commune voisine de Saint-Alyre-ès-Montagne.

Creux (les), Cros (le) – Souvent dit dans les textes Escros ou les Cros, le terme viendrait du latin cavus, et du bas latin crosum qui désignait un creux, un terrain en forme de combe, affaissement naturel où s’entasse la terre arable, un creux labourable. Les Creux, petit vallon au nord de Compains, près de la route de Besse. On retrouve ce terme au sud de la commune près du Teston du Joran au lieu-dit le Cros de Joran forme avergnate du Creux de Joran, dans la commune de La Godivelle.

Devèze (la) – Du latin divisus. Le terme serait apparu au XIe siècle avec le sens de limite.

Entraigues – Du latin inter aquae, entre les eaux. La terre d’Entraigues, tenue aux XIIIe et XIVe siècles par les Bréon était gardée par un château aujourd’hui presque totalement ruiné. On distinguait les hautes terres d’Entraigues et les basses terres d’Entraigues que se partagèrent deux filles de Maurin de Bréon en 1280.

Escouailloux – Ce village cité en 1354, est le chef-lieu d’une petite seigneurie enkystée dans la seigneurie de Brion. Qu’elles dérivent de l’occitan ou du vieux provençal, les étymologies évoquent toutes un poste de guet. A peu de distance, le lieu-dit La Gardette faisait partie de la même seigneurie.

Espinat – Issu du latin spina, épine. Le terme désigne les épines et un terrain épineux. Situé au sud-est de la paroisse de Compains, le village d’Espinat est cité en 1513. Il sera rattaché à Egliseneuve d’Entraigues à la Révolution.

Esserres (les) – Au Haut Moyen Âge, les pâturages d’altitude dits estives, furent des terrains de parcours du petit bétail utilisés par les paysans bien avant l’apparition des seigneurs. La montée en altitude des chèvres et des moutons suivait l’avancée des défrichements. Ainsi trouve-t-on à Compains des lieux nommés « les esserres« , terme dont l’une des acceptions désigne des lieux anciennement défrichés ou essartés (Cadastre 1828 : Chandelière section E matrice n°176 à 185) ; Compains, section C n°1 et 2 ; Marsol, section A n°124, pâture et 309 bois taillis).

Fage (la) – Dérive du latin fagus, le hêtre, un arbre fréquemment rencontré dans la moyenne montagne auvergnate. Une partie de la commune de Compains est couverte de belles hêtraies. Les faines du hêtre, fournissaient aux paysans une huile comestible, mais qui ne se conservait que peu de temps. Les faines étaient consommées par les cochons qu’on conduisait en forêt (droit de panage). Situé dans le sud-ouest de la paroisse, le domaine de la Fage désignait un lieu anciennement planté de hêtres, « bois de faux, dans l’idiome du pays », dit un texte du XVIIIe siècle. La montagne de La Fage,  située à l’ouest du col de la Chaumoune, fit partie des terres saisies en1349 sur Maurin de Bréon.  Plus tard, Jacques Rodde de Chalaniat se réservait en 1753 le droit d’y faire creuser un lac près de son sommet. La carte de Cassini ne mentionne pas ce lac mais peut-être n’était-il pas encore creusé vers 1760 quand fut établie cette carte. Le lac avait pourtant dû être creusé et rempli puisqu’il est dit « entièrement desséché » sur le cadastre de 1828. Aujourd’hui remis en eau, il est visible sur la carte I.G.N. au 1 : 25 000. Peu profond, il sert d’abreuvoir aux bestiaux.

Ferrière (la) – Du latin ferrum, le fer et ferraria metalla, la mine de fer. A la sortie du bourg, la mine de fer dite La Ferrière, était située près de la route qui conduit vers Egliseneuve-d’Entraigues. Jean de Laizer tenta de l’ exploiter sans succès. Sur la mine de fer de Compains, voir le chapitre Compains au XVIIe siècle.

Font (les) – Les FontlongesFont-Piroux  – Du latin fons. Selon l’usage du pays, une font est une source. Chevauchant la ligne de partage des eaux entre le bassin de l’Allier à l’est et celui de la Dordogne à l’ouest, la commune de Compains voit jaillir sur son territoire une multitude de sources. Captées ou non, ces sources qui surgissent de partout apparaissent à plusieurs reprises  sur la carte IGN. A l’ouest de Compains on trouve les Fontlonges, à l’est Fontpiroux, au nord près de Beauregard, la Fontaine de Guillaumont. A Espinchal, la Fontaine des Trois Seigneurs est une « source borne » que se partageaient les Bréon, les Espinchal et les Chaslus.

Garde (la)Gardette – Du francique wardon – surveiller – passé à l’ancien français warde qui donna garde et de l’occitan gardo signifiant qui domine un pays. Proche de la forteresse de Brion, le lieu dit La Garde est attesté en 1335. De nos jours, le terme est resté attaché à deux lieux-dits : le buron de La Garde et le bois de La Garde. Au sud-ouest du bourg, le poste avancé de La Gardette, dont la forme diminutive souligne l’importance moindre, surveillait les abords de la petite seigneurie d’Escouailloux dont il faisait partie.

Gazelle – Dérivé du latin vadum qui a donné en français gué et donne en provençal ga d’où dérive gaz (le gué), l’endroit guéable. L’hydronyme apparait fréquemment dans le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire et le Cantal. En patois on dit gazar pour guéer, traverser.

Sans rapport avec l’animal du même nom, Gazelle désigne le ruisseau descendu du nord du Montcineyre qui longe au nord le bourg de Compains et va se jeter dans la Couze de Valbeleix au lieu dit Le Verdier.   Ce gué était placé à Roche, au pied du Montcineyre, là où la Gazelle traverse le chemin qui conduisait du bourg de Compains vers Besse. Le gué est aujourd’hui recouvert par la route. C’est le second ruisseau d’importance à Compains.

Godivelle (La) – Du germanique wald. Pourrait désigner, selon Pierre Bonnaud, des bois domaniaux, préservés au Moyen Âge. Certains affirment que les godiveliers étaient des sculpteurs sur bois.

Graffaudeix – Du latin acrifolium le houx, acer ce qui est perçant et folium la feuille. Graffaudeix fut l’un des hameaux de Compains donné à Egliseneuve d’Entraigues à la Révolution. Les habitants de ce village furent à diverses occasions réputés difficilement gérables par l’intendance d’Auvergne.

Granjounes (les) – Granges ou domaine exploité par un métayer.

Grosleix – L’un des hameaux de Compains avant la Révolution. Probablement dérivé du nom d’un habitant du lieu. Certains évoquent le nom du corbeau.

Gua – Gué. Le ruisseau de Longua prolonge le ruisseau dit L’Eau derrière qui coule au pied de la Motte de Brion.

JoranCros de Joran (1140 m.) – Teston du Joran (1323 m.) – Grand Joran (1247 m.) – Joran Baniar – Montagnes situées au sud de la commune de Compains et au nord de la commune de La Godivelle. Le toponyme Joran pourrait dériver du latin et désigner une hauteur boisée, ce qu’il est effectivement. Le Jura pourrait avoir la même racine.

Joursac (Cantal) – Village situé au pied du château de Mardogne, l’autre importante seigneurie des Bréon. Ce toponyme viendrait de la villa d’un romain nommé Jurcius.

La Mayrand – Paroisse voisine de Compains, de Vauzelle et du Cheix. Aujourd’hui la commune de Roche-Charles-La Meyrand. Une partie de La Meyrand releva de la seigneurie de Brion jusqu’à la Révolution. Son nom pourrait dériver de Matrius, nom d’un gallo-romain qui y aurait eu un domaine agricole. Selon Cassagne et Korsak, ce nom, « typique des colonies romaines » aurait été employé au temps des grandes invasions. Certains pensent qu’il dérive du pré-gaulois et désigne des broussailles. A Compains, le lieu est dit à plusieurs reprises La Mayre dans les textes.

Lac (le) – Les minutes des notaires de Compains nomment Le Lac, de nombreux lieux qui ne contiennent qu’une modeste étendue d’eau, voire même une petite dépression remplie d’eau seulement par intermittence.

Lanobre – Issu du gaulois lano désignant une plaine et une forteresse. Lanobre était un ancien fief des Bréon en Artense dont le nom évoquerait donc un bâtiment à vocation militaire. On peut penser que les Bréon auraient pu recevoir au XIIIe siècle ce fief éloigné de leurs autres biens dans la dot d’une épouse issue des Tinière, une famille possessionée à Lanobre, à Val et en Limousin, dont les Bréon étaient très proches. En 1316, Jaubert de Bréon donna la jouissance du château de Lanobre à sa femme Dauphine de Dienne.

LargelierLarzalier – Largelier était un des hameaux de la paroisse de Saint-Anastaise (aujourd’hui Besse et Saint-Anastaise). Ce village est placé  sur les hauteurs du Valbeleix, sur la rive gauche de la Couze. Son nom vient de la couche d’argile sur laquelle se trouvait jadis un village situé sur un escarpement, à mi-hauteur, entre la Couze et le château situé au sommet. Cette terre était tenue au XIIIe siècle par un vassal des Bréon également seigneur de Roche au nord du bourg. Largelier où subsistent des vestiges (une petite motte), est toujours dit aujourd’hui « le château ». La soixantaine de personnes qui vivaient là en 1783 occupait dix habitations et deux granges. Le 6 mars 1783 un « ébranlement de terrein » ouvrit des crevasses et lézarda les murs des bâtiments placés sur le penchant de la montagne, menaçant le village d’une chute prochaine. L’inspecteur des Ponts et Chaussées venu sur les lieux attribua la catastrophe à l’abondance des neiges suivies de fortes pluies qui avaient frappées le pays. Leur fonte rapide lors d’un fort coup de vent du sud fit craindre que le village ne s’effondre vers le fond de la vallée. Devant l’urgence de la situation, le curé se joignit à l’inspecteur pour exhorter les habitants à évacuer le village. Mais la misère générale qui régnait dans cet endroit perdu ne permettait pas aux habitants de quitter ou déplacer leurs maisons. On fit appel « à la bienfaisance de sa majesté » pour trouver les secours  indispensables. Entre temps, le village s’effondra.

Lauze – Dalle de schiste utilisée pour couvrir les toitures.

Lestérade Lestrade – Du latin strata, chemin pavé, grande route. De Brion à Beauregard et La Mayrand, le Ruisseau de Longua est longé sur sa gauche par un chemin dit Lestérade sur la carte I.G.N. Cette « estrade » était une ancienne voie pavée par laquelle on accédait aux foires de Brion et qui desservait Boslabert, Le Brugelet et Vodable.

Longua (ruisseau de) – Erreur du rédacteur du cadastre qui aurait dû écrire Laigua (aygue, eau). Le ruisseau de Longua prolonge le ruisseau de L’Eau derrière à l’est de la Motte de Brion.

Loubaneyre (ruisseau de la) – Cet hydronyme tire vraisemblablement son appellation du nom du loup, (en latin lupus et en celtique bleiz, blei, blé). Ce ruisseau d’Espinchal forme la limite entre Egliseneuve d’Entraigues, Espinchal et Condat. 

Lugarde – Bien avant d’être un château tenu par les Bréon au XIIIe siècle, Lugarde put être un ancien lieu de culte au dieu celte Lug (voir aussi le Puy du Luguet à Espinchal et Anzat-le-Luguet, commune proche de Compains). Lug a donné son nom à de nombreux villages (il y en aurait douze dans le Cantal). Ce dieu était l’inventeur des arts et du négoce selon Jules César (Guerre des Gaules).

Luguet (le) – Du nom du dieu celte lug ou du latin lucus, petit bois sacré où officiaient des druides. Dans la commune d’Espinchal, le Puy du Luguet (1143 m.) est situé au sud de la commune de Compains et au nord de La Chaux d’Espinchal. Au sud-est de Compains, le signal du Luguet est placé au sommet du Mont Cézalier (1551 m.), point culminant du massif du Cézalier situé dans la commune d’Anzat-le-Luguet.

Malsagne – Le terrain marécageux dit sagne, du latin sania puis du gaulois san, ne laissait pousser que des près humides souvent couverts de joncs. En auvergnat, la forme mal peut aussi avoir le sens de petit. A Compains, Malsagne est un espace marécageux en bordure septentrionale du plateau du Cézalier. Cette mauvaise terre appartenait sous l’Ancien Régime au seigneur de Brion qui y avait créé un petit domaine.

Mardogne, Cantal, com. Joursac – L’autre importante seigneurie des Bréon. Certains ont cru voir dans l’étymologie du nom de Mardogne un ancien lieu de culte dédié à Mars et Diane, hypothèse impossible à confirmer ou infirmer en l’absence de fouilles archéologiques.

Marsol – Du nom de l’un des premiers habitants du lieu ?

Mets MèzeMez – La mèze, selon Chabrol, commentateur de la coutume d’Auvergne, était un vacant ou un communal, un terrain vague, servant de pâturage. Les mets sont de vastes terrains vagues servant au pâturage, des terrains de parcours, pauvres et éloignés des villages. Il peut s’agir de terrains bordiers, définis par les affars des villages voisins. Toutes les catégories d’animaux peuvent y entrer. A Compains, la piera de mez est proche de Belleguette-Haut. On trouve par exemple les mèzes près de Vauzelle ou la mèze près de Graffaudeix et mèzes, mez, sur le cadastre de 1828 (n°520 à 523) ou mets aujourd’hui encore sur la carte I.G.N.

Montagne –  En Auvergne, montagne ne désigne pas un lieu très élevé, mais un lieu plus élevé que la plaine ou la vallée qui se trouve à son pied. Très employé à Compains où une vingtaine de hauts pâturages portent ce nom pour désigner les herbages d’altitude où estivent les bovins, ce terme incite à penser que c’est l’utilisation agricole – le pâturage des bêtes à cornes et à laine – plus que l’aspect géographique qui détermine cette désignation. Les montagnes étaient divisées en têtes d’herbage, unité de superficie correspondant environ à un hectare sur laquelle pouvaient se nourrir une vache et son veau. Selon la coutume d’Auvergne, le paysan avait droit dans les montagnes à un nombre de têtes d’herbage correspondant au nombre de bêtes qu’il avait hivernées de ses foins et pailles.

Une des plus anciennes occurrences du terme montagne se trouve dans les écrits de Sidoine Apollinaire. Homme politique, écrivain et évêque d’Auvergne, qui évoque au Ve siècle les pâturages situés  « in montana ». Plus tard, le terme réapparait dans le cartulaire de Sauxilange (charte CCXXXV, datée entre 989 et 994).

L’expression « montagnes occidentales », employée dans plusieurs chapitres de ce site était utilisée aux XVIIe et XVIIIe siècles par les intendants d’Auvergne pour désigner notamment les Monts Dore et le Cézalier.

Montcineyre – Forme composée pour désigner le mont des cendres, le célèbre jeune volcan de Compains (6500-7500 ans).

Motte Le terme dérive du gaulois mutta, la terre, et plus anciennement, du latin mote, la levée de terre. Le cadastre de 1828 et aujourd’hui la carte IGN au 1 : 25000 nomment motte la butte basaltique de Brion, terminologie impropre si l’on s’en tient aux archéologues, qui ont établi que les premiers châteaux en bois étaient surélevés sur une motte de terre. A Brion, aucun besoin de terre rapportée artificiellement. La Motte basaltique fut peut-être aplanie au Xe ou XIe siècle quand on voulut y dresser le château de Brion. D’un usage très ancien mais rare dans les textes de Compains, le terme motte est attesté en Auvergne au XIIe siècle. Il désignait un amas de terre qui pouvait avoir été dressé lors de l’élévation d’une construction défensive. Lors de nos recherches, le premier texte où apparait à Compains le terme motte date du XVIIe siècle ce qui, compte tenu du caractère aléatoire des textes retrouvés, ne prouve en rien qu’il ne fut pas employé bien antérieurement. La carte de Cassini (v. 1760) désigne Brion sans lui accoler le terme Motte qu’on retrouve par contre utilisé sur le cadastre de 1828.

Moudeires (les) – En patois, moulin, meunier. Après le partage de l’héritage de Maurin II entre ses quatre filles en 1280, il fallut créer des moulins sur les hautes terres d’Entraigues. On les aurait installés sur le ruisseau qui descend de La Fage.

Moulin Barbat, Moulin de Péraud – Peut-être du nom du meunier, quoique en Auvergne barba indique un bois d’aulnes et perrau un terrain pierreux. Au XVIIe siècle, le moulin Péraud était dit moulin de Belleguette. Ces deux moulins situés sur la Couze, figurent (roue dentée) sur la carte de Cassini.

Panchou (la) – Désignerait Brion-Bas.

Parra close (la) – Le pré clos.

Pave (la) – Du latin pavimentum. Une pave serait une surface de terre battue. A Compains La Pave et ses burons sont situés à Escoufort.

Péage – En Occitan péatge. Le terme dérive de pied (C.N.T.R.L.). C’est le « droit de mettre le pied », ce qui désigne l’endroit où on avait le droit de mettre le pied, de franchir un passage, après avoir payé une taxe. D’où l’extension à la notion de poste de contrôle. Au pied de la motte de Brion coule le ruisseau nommé L’eau derrière. Près de ce ruisseau se tenait un poste de péage où des droits étaient perçus sur les personnes, les marchandises ou les animaux qui passaient le gué qui conduit au foiral de Brion.

Pierre (la) – Du latin petra, la roche. Piera pouvait désigner une borne au Moyen Âge. On trouve la Piera de Mez au nord de la Motte, la Pierre Longue dans les près situés de part et d’autre de la route qui conduit du bourg à Egliseneuve d’Entraigues et la Pierre Ronde est située en contrebas de Chaumiane.

Pierre Saraillade (la) – Saraillade dérive de saroil, du latin serrare (fermer). Le terme méridional sarrail (saralha), désigne une serrure ou un serrurier. A Compains, la Pierre Saraillade est une borne seigneuriale indiquant une limite de seigneurie. Sa position marque la limite entre la seigneurie de Brion et une seigneurie voisine, située sur la montagne de Joran.

Plaine (la) – Espace broussailleux, lieu déboisé près de la Montagne de Barbesèche mais aussi montagne près de Fontlonge. Au nord du Montcineyre, la Plaine du Montcineyre (1196 m).

Planète (la) – Du latin planum, espace plat. Plateau volcanique plat (planeza) qu’on rencontre au nord du village de Brion.

Prade (la) – Tire son nom du celtique prad, prairie.

Pré Rigaud ou parfois Rigot – Peut-être un nom d’homme, mais plus probablement de riggal, un ruisseau. On notera que près de là cascadent les ruisseaux dits les Diablaires.

Puy – Dit peuch en auvergnat, le puy est un lieu élevé, un mont arrondi, un suc en plus haut. Dérivé du latin podium (colline), c’est un relief constitué par un mont de faible altitude. Compains compte une bonne dizaine de puys, des lieux élevés dont la plupart dépassent 1300 mètres, au sommet arrondi. En surplomb du bourg de Compains, le Puy Moncey est seul volcan de type peléen de la commune alors que, fait de pouzzolane, le Montcineyre (1331 m.) est volcan récent de type strombolien.

L’inspiration du nom des puys tient par exemple à la végétation (Puy de la Vaisse), à la nature de la roche (Puy du Montcineyre, mont des cendres), au nom d’un habitant (?), Puy Ferrand, ou à la forme (Cocudoux, puy au sommet arrondi).

Rase – Pour mieux répartir l’arrosage des prés en période de sécheresse, on rationalisait l’écoulement des eaux en creusant des rigoles, des canaux d’irrigation ou même des fossés qui pouvaient aussi drainer l’excès d’eau en période humide. Plusieurs de ces rases sont indiquées sur le cadastre napoléonien (rase de Picady et grande rase à l’ouest de la commune, petite rase en contrebas de la Motte de Brion.

Redondel Redonde – Du latin retundus, arrondi. Lieu qui évoque une boule. Le terme peut aussi désigner un lieu cultivé. A Compains, on trouvait le hameau de Redondel au sud-ouest de la paroisse avant l’amputation de la Révolution. Une montagne, dite Redonde, est proche de la Motte de Brion.

Règes (les) – Evoquent les sentiers qui courent dans les terres. Montagne près de la route construite au XIXe siècle qui relie le bourg de Compains à Brion.

Rhue – Une rue est une gorge étroite en montagne. Le rai ou le rial sont des cours d’eau. Le riala est un grand ruisseau transformé en torrent à la fonte des neiges.

Ribeyre – Rivière, fond de vallée.

Riocros – Creux

Rochambert – Cette désignation qualifie les pierres au bers (berceau), celles où des cavités apparaissent. A Compains on en trouve principalement à l’est de la commune. Le lieu dit Rochambert se trouve à 1180 m. sur la limite qui sépare Compains du Valbeleix et sur les hauteurs qui surplombent le Moulin de Barba, ancien moulin de Chandelière.

Roche – Dérive du gaulois rocca. C’est souvent en position dominante, sur des roches qu’on construisait les châteaux. Les lieux-dits Roche apparaissent fréquemment en Auvergne aussi bien pour désigner une forteresse qu’en tant que patronyme pour désigner une famille noble comme on le voit dans la seigneurie de Brion.

En limite nord de la paroisse de Compains au XIVe siècle, le lieu-dit Roche au nord du territoire paroissial relevait du seigneur de Largelier (Larzalier) vassal de Maurin de Bréon à Compains et dans la commune de Saint-Anastaise. C’est sur les petits seigneurs de ces maisons fortes périphériques à la seigneurie principale, vassaux du seigneur dominant, que reposait la surveillance de la lisière des seigneuries. A Compains, on faisait face aux seigneurs de La Tour au nord et à l’ouest (Besse et la seigneurie de Ravel), et de Saint-Nectaire au nord-est (Valbeleix, château de Rochecharles). Si une trace bien visible du « château » apparait encore à Largelier, rien n’apparait semble-t-il à Roche où la construction fut peut-être plus proche du poste de garde que du château.

Roche peut également désigner un accident du terrain sous forme d’à pic très raide. C’est une forme de relief courante à Compains dont on trouve plusieurs exemples : Rocher de labro, Rochambert, Crête des rochers, Roche Chandelière, Bois rochers.

Roche Garnaud – Ce lieu devrait son nom à un habitant, comme peut-être aussi les hameaux de Groslier, Marsol et Chandelière.

Ronzière (la) – Ronzier (le) – Le terme dérive du latin rumex, la ronce, le dard, auquel vint s’ajouter le suffixe aria désignant un territoire, ici envahi par les ronces. Deux lieux évoquant une végétation naturelle qu’on imagine piquante sont nommés La Ronzière : le premier était un village situé le long de la Couze, entre le bourg et Belleguette. Il fut sans doute défriché très anciennement. Le second, dit la Montagne de La Ronzière, situé à l’ouest d’Escouailloux fut sans doute défriché postérieurement pour faire face au croît de population entre le XIe et le XIIIe siècle. Il n’a pas été retrouvé d’attestation médiévale de ce toponyme.

Sault (Ruisseau de) – Du latin saltus, lieu boisé, défilé, gorge. C’est une longue aventure que celle du ruisseau de sault qui prolonge le ruisseau dit L’eau derrière et le ruisseau de Longua qui méandrent au pied de la Motte de Brion. Chaque commune traversée s’est appropriée une portion de ce ruisseau sous un nom différent. Après sa naissance au pied de la Motte de Brion sous le nom de L’eau derrière, le ruisseau forme la frontière entre les communes de Compains et Saint-Alyre-ès-Montagne et prend ensuite le nom de Ruisseau de Longua jusqu’à La Mayrand. Entre Brion, La Meyrand et Beauregard, le ruisseau est longé par un chemin dit Lestrade ou Lesterade indiquant un chemin pavé, donc fréquenté. Durant sa traversée de Rochecharles-La Meyrand, le ruisseau adopte le nom de ce village et, après quelques incursions dans la commune du Valbeleix, entame sous le nom de Ruisseau de Sault la traversée de la forêt de Chassagne au fond d’une profonde gorge autrefois tapissée de chênes et de résineux qu’on exploitait pour alimenter les fours des potiers de Lezoux dont les céramiques s’exportaient dans tout l’Empire romain. le ruisseau de Sault se jette enfin dans la Couze du Valbeleix en un lieu réputé avoir abrité des brigands.

Suc, Suquet – Puy, butte, sommet rocheux. Du préceltique cuc, hauteur. A Compains « le suquet du moulin« .

Taillade (la) – La montagne de La Taillade, un lieu couvert de taillis et de bois, était située près du château de Brion et appartenait au seigneur. On peut y voir un nom de domaine ou de maison mais il désigne pricipalement un milieu arbustif.

Terme – De Terminus, nom du dieu romain représenté par une pierre ou un tronc d’arbre chargé de veiller sur les propriétés foncières. Pour éviter les conflits, depuis des temps immémoriaux c’est avec des pierres ou des troncs d’arbres qu’on séparait les champs des paysans et que plus tard, on borna les seigneuries.

Dans la commune de Besse et Saint-Anastaise, à près de 1000 mètres d’altitude, un lieu-dit Le Terme figure sur la carte I.G.N. à environ un kilomètre au nord de Largelier. Peut-être trouvait-on là un point triple, une frontière où pouvaient surgir des affrontements, un lieu où se touchaient les terres de Bréon, des La Tour seigneurs de Besse et des Saint-Nectaire seigneur du Valbeleix. Le dieu Terme veillait sur les bornes et gardait la limite des champs.

Teston – Tête : le  Teston du Joran (1323 m.) est le sommet d’une montagne située au sud de la commune  de Compains.

Tiollière (la) Las Tioulas et autres orthographes. Du latin tegula, la tuile. En Auvergnat, teula ou tioula désigne une tuile, une lauze. Un lieu dit tegularia suggère la présence d’une tuilerie. Les lieux dits la tiolière indiquent des sites où on débitait des lauzes (tuila), des dalles de schiste ou de basalte. A La Godivelle, Las Tiolas désigne une montagne, une raze et un ruisseau. Près de Besse on trouvait la tuilerie de Tiouleyre dite Tiaulaire sur le cadastre de 1828. C’est aujourd’hui le hameau de Thiaulaire.

Tourette (la) – Du latin turris pour désigner une tour et ici sans doute une ancienne tour de guet. On découvre ce lieu-dit au nom évocateur après une rude montée sur les hauteurs de La Valette (com. du Valbeleix). Passée l’ancien hameau de La Tourette (903 m.), on découvre dans les bois une ancienne une motte féodale bien conservée qui portait sans doute une tour d’où on gardait des terres qui appartirent soit au dauphin, soit aux Saint-Nectaire, et  possiblement aussi aux Bréon.

Vaisse – Du gaulois vassia ou vaissa, la noisette, devenu vaisse, noisetier, en passant à l’occitan. Territoire couvert de noisetiers ou de coudriers. Le Puy de la Vaisse  près du col de la Chaumoune.

Valbeleix – Bostbeleix est l’ancien nom du bourg du Valbeleix qui comptait plusieurs villages. Dérivé du bas latin boscus, Bostbeleix désignerait un bois dégradé par les essarts. 

Vassivière – A quelques kilomètres au nord de Compains, la chapelle de Notre-Dame de Vassivière, située entre à l’ouest la Clamouze et la Couze Pavin à l’est est toujours le lieu d’un pélerinage célèbre. Issu du celtique, vassivière signifierait temple de l’eau. Certains affirment que Vassivière viendrait des vassives, des génisses qui n’ayant pas encore vêlé auraient été regroupées dans les près aux alentours de la chapelle ; une troisième hypothèse le dériverait de vaissa, le noisettier, le coudrier. En occitan, le vacivier est un berger.  Plusieurs croix balisent le chemin montagnard que suit la procession qui monte à la chapelle. La paroisse de Compains offrit la quatrième de ces croix.

Vauzelle – Le nom de ce hameau posé sur les hauteurs qui dominent le Valbeleix pourrait dériver du Celte avec le sens de « territoire situé sur une éminence » ce qui correspond bien à la réalité topographique. Le village est situé près d’un ruisseau qui dévale d’est en ouest vers la vallée du Valbeleix, longé de pierres volumineuses taillées en triangle qui pourraient avoir servi de bornes.

Où la seigneurie de Brion se terminait-elle à l’est ? On sait que, près de Vauzelle, la terre du Cheix et probablement dès cette époque le village de La Mayrand relevaient des Bréon. On peut donc avec vraisemblance fixer la limite de la seigneurie de Brion à la rive gauche de la haute vallée du ruisseau de Sault. En face, sur le versant est, se tenait un château des Saint-Nectaire dont ne subsiste plus aujourd’hui que la chapelle de Roche-Charles.

On remarquera qu’on trouve peu après Vauzelle sur le cadastre de 1828 un lieu nommé Les Chasteloux de La Chavade, bientôt suivi à environ un kilomètre au nord par la hauteur dite de La Tourette qui surmonte le village de La Valette (com. Valbeleix). Là, une motte féodale est encore bien visible à plus de 1000 mètres d’altitude. Enfin, le nord de la vallée du Valbeleix était lui aussi surveillé comme en atteste encore le lieu nommé La Garde (carte I.G.N. 2432 ET) qui surplombe le hameau de Marcenat. La seigneurie de Valbeleix releva des Saint-Nectaire au Moyen Âge et à l’Epoque Moderne. Sans doute avait-on placé ce rempart de points défensifs pour contrer l’insécurité qu’on rencontrait dans les gorges de Courgoul.

Verdier (le) – Dérivé du latin viridia, jardin, bosquet. C’est là, au Verdier, à l’entrée de la vallée du Valbeleix, que confluent la Couze de Compains et le ruisseau de la Gazelle pour former la Couze de Valbeleix, affluent de la Couze Pavin. Sans doute des arbres fruitiers y croissaient-ils ou pour le moins trouvait-on des jardins « à viande » (des potagers) en ce lieu protégé des vents d’ouest par le Pic Saint-Pierre.  Le patronyme Verdier est courant à Compains.

Vernet (le) – Du pré-celtique ver : l’eau. Vern(e) est issu du gaulois vernos, l’aulne, l’un des sept arbres sacrés des gaulois (Arverne, puis Auvergne). Le Vernet est un lieu planté d’aulnes. Au pied du château de Mardogne, les Bréon prélevaient un péage au Pont du Vernet, le pont de l’aulnaie.

Vesselier – Espace où pousse la vesce, une plante fourragère.

VeissèreVaisse – Lieu anciennement couvert de noisetiers. En gaulois, la vassia désigne la noisette.

Villa – Grande exploitation agricole au temps des gallo-romains. La villa ne prend le nom de village que vers le Ve siècle. On trouve des viallard en Basse Auvergne pour désigner une petite agglomération de maisons. Les vilaret et vilata sont également courants dans le Massif Central.

Village – Dans les montagnes, mieux valait parler de village que de hameau si l’on voulait être compris. C’est par le terme village qu’on désigne  en langage local les nombreux hameaux dispersés sur le territoire paroissial, devenu communal après la Révolution.

Violle (la) – Dérivé du latin via, chemin, sentier. Peut-être de l’Occitan viola qui désigne une rigole. A Brion, cette rigole pourrait être la grande raze qui descend vers le nord, non loin du lac des Bordes. Dans ce village bipolaire, (Brion-Haut, Brion-Bas), la Violle désigne le groupe de maisons de Brion-Haut, proche du foirail. Certaines sources allèguent que le terme violle désignerait un lieu anciennement habité.

Volpilière (la) – Face au château de Brion, mais sur la commune de Saint-Alyre-ès-Montagne, ce toponyme évoque un lieu où vivaient des renards, dits velpils en ancien français, terme issu du latin vulpes.

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Sources

CARTES

  • IGN, cartes 1:25 000 : Monts du Cézallier – Massif du Sancy – Ardes
  • Carte de Cassini (vers 1760), en ligne sur le site de l’I.G.N.
  • Cadastre « napoléonien » de Compains (1828) et des communes environnantes, sur le site des Archives départementales du Puy-de-Dôme.

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OUVRAGES et ORGANISMES SPECIALISES CONSULTES

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Billy (Ph.), Toponymie et archéologie – Essai méthodique sur la Basse Auvergne, NRO, n°27-28, 1996, pp. 147-168.

Billy (Ph.), Les toponymes simples du Puy-de-Dôme formés après l’An Mil sur un anthroponyme, NRO, 1984, pp. 36-54.

Bonnaud (P.), Divers articles dans la N.R.O. (années 1983 à 2015), Biza Nera, etc.).

Bonnaud (P.), La haie et le hameau : le mot et les choses, Revue d’Auvergne, n°84, 1970, 27 p., carte.

Bonnaud (P.), Toponymes relatifs à la végétation et au défrichement et l’évolution du paysage rural en Auvergne, Revue d’Auvergne, n°85, 1971, pp. 199-230.

Boudet (M.), L’onomastique cantalienne, Revue de Haute Auvergne, n° 15, 1913, p. 119 et suiv.

Cassagne (J.-M.), Korsak (M.), Les noms de lieux du Puy-de-Dôme, 2006, 352 p.

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (C.N.R.T.L.), en ligne.

Chambon (J.P.) – Nombreuses publications dont, par exemple :

Sur une technique de la linguistique historique. L’identification des noms de lieux… avec des exemples concernant l’Auvergne et ses marges, LALIES, sept. 1996, Presses de l’école normale supérieure, 1997, pp. 55-100.

Pour la datation des toponymes gallo-romans : une étude de cas, Ronzières, Puy-de-Dôme, in : Estudis romanics, vol. XXV, pp. 39-57

Darpoux (R.), Noms de terroirs et lieux-dits (Essai de toponymie locale). Almanach de Brioude, n°72, 1992, p. 205-242.

Dauzat (A.), Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, 1989, 2è éd. complétée par Ch. Rostaing.

Dauzat (A.), La topographie gauloise de l’Auvergne et du Velay, in : Revue des études anciennes, 1931, pp. 357-388.

Fénié (Bénédicte et Jean-Jacques), Toponymie nord occitane, Périgord, Limousin, Auvergne, Vivarais, Dauphiné, éd. Sud-ouest, 2003, coll. Sud-ouest université.

Gaffiot (F.), Dictionnaire illustré latin-français, Paris, 1934, 1720 p., ill., cartes.

Gendron (St.), La toponymie des voies romaines et médiévales : les mots des routes anciennes, Paris, 2006, 196 p., cartes, tabl., ill., bibliogr., glossaire, index.

La Curne de Sainte Palaye (J.B.), Dictionnaire de l’ancien langage français, t.9, lettres R à S (1881).

Levet (J.-P.), Hydronymie et langues préhistoriques. Hydronymie française préceltique, Tôzai, n°7, 2002, p. 144.

Littré, Dictionnaire de la langue française, 1863, 5 vol.

Longnon (A.), Les noms de lieux de la France. Leur origine, leur signification, leurs transformations, 2 vol., réimpr., 1968.

Mège (F.), Souvenirs de la langue d’Auvergne. Essai sur les idiotismes du département du Puy-de-Dôme, Paris, 2015 (1ère éd. 1861), Brignais (Rhône), coll. Documents., 191 p.

Miraud (C.), Entre Dordogne et Rhue. Dictionnaire étymologique des lieux-dits de vingt-six communes du Puy-de-Dôme et du Cantal, éd. Association patrimoine et culture de La Tour d’Auvergne, 2004, 77 p.

Piboule (M.), La toponymie de surveillance, Etudes archéologiques, déc. 1983, n°16,

Piboule (M.), Toponymie paysanne : pierre et bornage, Etudes archéologiques, 1987, n°24, 19 p., bibilogr.

Reichel (K.-H.), Dictionnaire général Auvergnat-Français, éd. Créer, Nonette, 2005, 878 p.

Rostaing (C.), Les noms de lieux, Paris, P.U.F., 1965, n°176, 128 p.

Sève (R.), Notes d’onomastique : gaz, gazelle, gazeau, Société d’émulation du Bourbonnais, 1951-1953, p. 382.

Vigouroux (C.), Le saltus arverne, complexe économique, Revue archéologique du centre de la France, 1962, pp. 211-220, en ligne.

Trésor de la Langue française (T.L.F.), en ligne.

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REVUES 

  • Biza Neira : divers articles, notamment de Pierre Bonnaud (P.) et Reichel (K.-H.).
  • Nouvelle revue d’onomastique (N.R.O.), en ligne.

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A SUIVRE